
La première session ordinaire de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) au titre de l’année 2025, tenue lundi 14 avril, s’est transformée en un véritable marathon. En plus des autres points inscrits à l’ordre du jour, les élus ont été conviés à discuter du bilan annuel des activités des différents secteurs à Sétif où beaucoup reste à faire, particulièrement en matière d’infrastructures scolaires et sportives connaissant des déficits importants. Il en est de même pour le secteur des travaux publics attendant l’inscription de nombre de projets susceptibles d’atténuer les souffrances et désagréments des citoyens des quatre coins de la région, laquelle est contrainte de composer avec le « gel » d’innombrables opérations d’envergure, les crédits alloués ne répondent pas aux attentes et aspirations d’une wilaya de plus de 2,8 millions d’habitants. Des députés et directeurs de différents secteurs sont unanimes à pointer du doigt les dotations budgétaires, principalement le programme du Fonds de Solidarité et de Garantie des Collectivités Locales (FSGCL). « Au titre de l’exercice 2024, la wilaya a bénéficié d’une enveloppe de 260 milliards du FSGCL. Une telle dotation ne pouvait répondre aux différentes fiches techniques des soixante communes où les besoins en infrastructures routières, approvisionnement en eau potable, établissements scolaires, structures sportives, espaces de jeunes et logements sont incommensurables. Les autorités locales n’ont pas eu la tâche facile pour dispatcher les 130 opérations inscrites à cet effet au profit des communes. Ceci est valable pour le programme d’Appui au Développement Social et Economique des Communes (ADSEC) de 269 milliards répartis sur 343 opérations dont 175 à l’actif des travaux publics. Le secteur est, faut-il le rappeler, dans l’incapacité de ‘’colmater’’ les innombrables points noirs avec uniquement 164 milliards. Il ne faut pas avoir peur des mots : le déficit est énorme. Les retards ne résident pas uniquement dans le reste à réaliser mais les opérations frappées de gel depuis des lustres freinent considérablement le développement de la wilaya », soulignent sous le sceau de l’anonymat nos interlocuteurs rencontrés en marge de l’assemblée.
Des milliards… et des retards
Celle-ci nous a permis de faire connaissance avec nombre de « chantiers » en standby, notamment nombre d’opérations du secteur de la jeunesse et des sports alors que des sommes colossales sont injectées depuis de longues années. Pour l’illustration, une maison de jeunes de 50 lits à El Eulma pour 10 milliards, une autre à 19,7 milliards, un camp de jeunes 19,5 milliards, une piste d’athlétisme à Megres et 12 terrains de proximité en gazon synthétique (4,9 milliards) à Bir Haddada, Bouandas, Ait Nawel M’zada, Ksar El-Abtal, Bir El Arch, Salah Bey, Harbil, Ain Abassa, Déhamcha, Oued El Berd, Djemila et Ain Arnat, font le moins que l’on puisse dire du surplace. Des dizaines d’opérations inscrites dans les différents plans de développement n’ont toujours pas vu le jour. Parmi elles, la réhabilitation de la piscine du complexe sportif du 8-Mai 1945 du chef-lieu de wilaya et la réalisation d’une maison de jeunes à Ait Tizi, d’une piscine de proximité à Beni Ouartilane et d’un complexe sportif de proximité à Beni Aziz, Draa Kebila, Mouaouiya et Beni Chebana. La jeunesse de Bouandas – chef-lieu de daïra situé à plus de 75 kilomètres au nord-ouest d’Ain Fouara, attend depuis la nuit des temps la réalisation d’un stade de football de 2.000 places. La réhabilitation de tout le complexe du 8-Mai 1945 traîne, tout comme la réalisation d’une nouvelle salle omnisports de 500 places à Sétif où l’infrastructure sportive fait pitié.
Décrochage social
La bureaucratie, les lenteurs administratives et le manque de coordination entre les services techniques, les bureaux d’études et les entreprises attributaires sont souvent pointés du doigt. Certaines opérations souffrent également d’un manque flagrant de suivi, les projets étant laissés en suspens sans échéance précise. Dans certains cas, les appels d’offre tardent à être lancés ou sont annulés pour vice de forme, repoussant davantage les délais de réalisation. Les jeunes qui aspirent à des espaces de loisirs modernes et à des complexes sportifs fonctionnels se sentent abandonnés. La dégradation des structures existantes et le blocage du recrutement engendrent un sentiment de marginalisation et contribue indirectement à la montée de la délinquance et du décrochage social. Stratégique uniquement sur le papier, le secteur des travaux publics fait dans le « replâtrage », puisqu’il n’a bénéficié d’aucune opération importante en 2025. L’inscription du dédoublement de la route nationale 78 entre Guellal et Ain Azel sur trente kilomètres est renvoyée aux calendes grecques. Le même sort est réservé au dédoublement de la route nationale 74/75 Sétif-Bougaa sur trente kilomètres. D’une grande importance pour l’économie de la région, le dédoublement de la route nationale 9B reliant El Ouricia à Ain El Kebira sur quinze kilomètres n’a pas obtenu les « faveurs » de la commission nationale des marchés, renvoyant à une date ultérieure la réhabilitation de plusieurs axes des routes nationales 09, 28 et 75, au grand dam des habitants d’une wilaya observant un « temps mort » dans nombre de domaines comme la santé, le transport et l’habitat. Nous y reviendrons…
Kamel Beniaiche
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