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Affairisme, corruption et violence : Le foot algérien dans la tourmente

Les fins de saison dans le championnat d’Algérie, que ce soit en 1ère ou en seconde division, se suivent et se ressemblent. La course au titre, aux places ouvrant droit à la participation aux compétitions continentales, ainsi que le maintien parmi l’élite ou l’accession ont toujours donné lieu à des pratiques, qui vont à l’encontre de l’éthique sportive. Le « jeu » d’influence et la corruption, impliquant dirigeants et arbitres et même des joueurs, sont étalés au grand jour dans un environnement public marqué par les comportements les plus rétrogrades, dont le chauvinisme est le moindre parmi des agissements qui pourraient impacter l’équilibre social. Le niveau médiocre des équipes, à quoi il faut ajouter l’absence d’un encadrement qualifié des supporteurs, ont donc aggravé une situation où la violence est devenue le seul et unique moyen d’expression de milliers de jeunes, victimes de la mal-vie et de la manipulation. Alertés, les pouvoirs publics viennent de réagir, en chargeant le ministre des Sports, qui est en même temps président de la fédération algérienne de football, à prendre les mesures, qui s’imposent en de pareilles situations, pour que l’exacerbation ambiante n’échappe pas au contrôle, à défaut de faire rentrer les choses dans l’ordre. Sous pression en raison de l’effet que lui impose la double casquette, Walid Sadi a convoqué une réunion d’urgence, qui s’est tenue hier avec l’ensemble des présidents des clubs de la ligue professionnelle. « Cette réunion intervient dans un contexte marqué par une escalade préoccupante de la violence et des discours incitant à la haine dans les stades. A l’approche de la dernière ligne droite du championnat, la responsabilité de chaque acteur du football national est plus que jamais engagée pour garantir le bon déroulement de la compétition dans le respect des règles et des valeurs du sport », met en exergue le communiqué de la FAF. Traumatisée par les incidents ayant eu lieu à Ouargla, lors du match au sommet Rouissat-El Harrach, au sujet duquel elle n’a pas tranché ; et par l’affaire Ghorbal, qui demeure tout de même une énigme intégrale aux yeux de l’opinion publique, l’instance fédérale apparait dans toute son incapacité à gérer des problèmes accumulés durant des décennies. « La Fédération algérienne réaffirme son engagement total en faveur de l’éthique sportive et du fair-play, et appelle à l’unité, à la retenue et à un sens élevé des responsabilités de la part de tous les intervenants », lit-on encore dans le communiqué. Ce n’est certainement pas avec ce genre de discours et des professions de foi pareilles, que le football algérien, anéanti par l’affairisme et les conflits d’intérêt, va sortir de l’immense détresse dans laquelle il évolue ! A l’heure actuelle, une profonde réforme s’impose pour revoir dans le moindre détail ce professionnalisme à l’algérienne ayant démarré sur de fausses bases et générant des pratiques illégales, qui se sont répercutées sur le climat général du championnat dont le niveau ne cesse de baisser d’année en année, contraignant l’Algérie à alimenter sa sélection nationale grâce à la filière des binationaux. A quoi ont servi ces centaines de milliards de l’argent public accordés en priorité à certains clubs au dépend des autres, sinon à alimenter la frustration et le sentiment d’injustice ressentis par des régions entières ? A quoi servent ces chaînes de télé, sinon à attiser les tensions, au lieu de contribuer à la divulgation de l’esprit sportif ? A quoi sert ce foot infecté par la magouille à tous les niveaux ? La banalisation de la bêtise !

Mohamed Mebarki

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