
Implantés dans un coin reculé d’Aïn Azel, chef-lieu de daïra situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Sétif, les établissements industriels Bounachada Abdallah (Ets BA) réalisent des prouesses. Spécialisée dans la fabrication de câbles mécaniques, cette unité, qui emploie 83 travailleurs, a su imposer son savoir-faire sur le marché national avant de franchir un cap décisif : l’exportation. Créés en 2010, les Ets BA exportent en 2021, en pleine crise mondiale de la Covid-19, vers l’Italie, un pays reconnu pour son exigence en matière de qualité industrielle. « Ce n’est pas du tout évident de nouer un partenariat avec un client italien, séduit par la solidité, la précision et la fiabilité des câbles produits à Aïn Azel. Ces résultats ne sont pas dus au hasard ou à un simple concours de circonstances : ils sont le fruit d’une politique rigoureuse de contrôle qualité, d’un investissement constant dans le matériel de production et de la compétence d’une main-d’œuvre locale formée sur le tas, mais animée par une volonté de bien faire. Avec un bon rapport qualité/prix, notre client qui s’approvisionnait d’habitude en Chine a préféré les câbles de voiture de notre établissement. La polyvalence de nos produits et leur adaptabilité aux normes internationales ont permis à l’entreprise d’étendre son réseau commercial et d’avoir plus de 60 % du marché national », souligne, non sans fierté, Messouad Bouhafs, gérant des Ets BA, lesquels ont exporté en février 2025 plus de 7.000 câbles vers la Tunisie où la concurrence est rude. « A travers nos trois marques, Powerflexe, Texe France et Eurforce, nous produisons non seulement une gamme variée de câbles de commande embrayage, de frein, de levier de vitesse, d’accélérateur, de starter et tirette à capot, mais le taux d’intégration dépasse parfois 75 %. La qualité de nos produits nous oblige à augmenter la cadence de la production qui avoisinait bon an mal an 550.000 unités. En 2024, grâce à l’abnégation et à l’engagement de nos équipes, nous avons produit 700.000 câbles dans une unité ne dépassant pas 800 mètres carrés. Malgré toutes les contraintes, nos personnels ont relevé le défi », précise notre interlocuteur. Ainsi, la dynamique de l’établissement fait face à des difficultés structurelles. Le principal frein à son développement reste l’exiguïté de ses locaux. Installée dans un bâtiment devenu trop petit au fil des années, l’entreprise peine à élargir sa production, à la stocker et à répondre dans les délais aux innombrables commandes des clients très intéressés par la compétitivité de sa gamme. Les différents ateliers sont saturés, les stocks encombrent les locaux et freinent la croissance d’un établissement jouant un rôle important dans le circuit de la sous-traitance et des pièces de rechange de l’industrie des véhicules.
« Viser encore plus haut »
Une demande d’extension a été introduite depuis plusieurs années auprès des autorités locales, mais tarde à se concrétiser à 100 %, sachant que la nouvelle parcelle de 1.500 mètres carrés ne répond pas aux attentes, besoins et ambitions de l’établissement, un modèle du genre à l’échelle nationale. Ce manque d’espace limite non seulement la cadence de production, mais freine également l’introduction de nouvelles lignes ou la modernisation de certaines installations. « Nous avons le potentiel humain et technique pour augmenter et diversifier notre production si nous disposions d’un espace plus grand. Nous comptons énormément sur l’accompagnement des pouvoirs publics pour nous aider à booster une activité très importante pour l’industrie automobile algérienne. L’exiguïté des locaux ne nous a pas empêchées pour autant d’innover et introduire sur le marché de nouveaux produits. L’expertise et le savoir-faire de nos équipes nous ont permis de lancer de nouvelles pièces mécaniques de voiture, comme le faisceau de bougie et les flexibles de frein. Les essais ont été concluants et bien accueillis par nos clients. A titre expérimental, nous avons produit 20.000 faisceaux et 100.000 flexibles en 2024. Nous comptons en outre fabriquer des pièces mécaniques comme les pompes à eau et à filtre. Nous travaillons aussi sur les câbles de rideaux électriques », ajoute le gérant de l’entreprise, laquelle continue de fonctionner avec rigueur et efficacité. En dépit de moult obstacles administratifs, elle reste un exemple de l’activité industrielle à Aïn Azel et démontre que l’excellence peut naître loin du chef-lieu de wilaya. « L’inauguration de la nouvelle unité de 1.500 mètres carrés implantée à la ZAC (Zone d’Activité Commerciale) d’Aïn Azel ne règle pas le problème. Cette extension aura des incidences positives sur le marché de l’emploi puisqu’on prévoit dans un premier temps le recrutement d’au moins une cinquantaine de nouveaux agents. Le soutien des pouvoirs publics, notamment à travers une aide à l’agrandissement de notre espace de travail, serait un levier stratégique pour nous permettre de viser encore plus haut. D’autant que nous aspirons à court et à moyen termes à prendre part activement à la réduction de la facture des importations de nombre d’éléments et de pièces de véhicules de différentes marques. Nous voudrions par ailleurs intégrer la politique du président de la République accordant une très grande priorité aux exportations hors hydrocarbures », révèle le manager de l’entreprise – un fleuron de l’économie locale…
Kamel Beniaiche
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