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Algérie-France : L’immobilier, le nouvel objet de litige

Comme si la crise diplomatique entre l’Algérie et la France n’était pas suffisamment grave, une nouvelle affaire risque de compliquer davantage la situation. La mairie de Neuilly-sur-Seine, en région parisienne, où se situe la résidence de l’ambassadeur d’Algérie en France, a décidé de récupérer le parking de l’enceinte diplomatique et de réclamer le loyer de la guérite de l’entrée de la maison. Face à cette situation, des médias algériens ont annoncé dès mercredi que les autorités allaient probablement répliquer, en appliquant une nouvelle tarification et en réduisant la superficie de l’ambassade de France et de celle de la résidence de son ambassadeur à Alger. Dans tous les cas, il n’y a eu aucune communication officielle en Algérie sur le sujet. Après une journée de spéculations et de rumeurs, la municipalité française a fini par donner sa version des faits, indiquant dans un communiqué qu’effectivement, en l’absence de l’ambassadeur d’Algérie, rappelé au mois de juillet passé, elle a récupéré les 19 places de parking pour les mettre à la disposition des riverains, mais que le parking « sera restitué à l’ambassade d’Algérie, une fois qu’un ambassadeur sera désigné ». En revanche, le prix du loyer de la guérite est « soumis au marché », a précisé la municipalité, qui souligne que cela ne concerne pas que la résidence de l’ambassadeur d’Algérie. De toute façon, ces mesures « ne sont pas liées » à la crise diplomatique en cours entre les deux pays, affirme le document. Des annonces qui ont suffi à beaucoup d’Algériens pour relancer la polémique sur le statut des bâtiments français en Algérie, essentiellement du siège de l’ambassade de France. Située sur un domaine de 14 hectares au cœur d’Hydra et comprenant plusieurs bâtiments mauresques construits durant le XIXe siècle, cette enceinte est louée actuellement à un prix symbolique. Les deux gouvernements ont ouvert le dossier à plusieurs reprises, mais ne sont toujours pas parvenus à un accord. En revanche, la résidence de l’ambassadeur de France est un cas particulier : située sur les hauteurs d’Alger, à El Biar, la villa des Oliviers s’étend sur 4 hectares, où de belles petites dépendances émaillent de beaux jardins bien entretenus. Il s’agit d’un site historique, qui a déjà servi de résidence au général Charles de Gaulle, lorsqu’il était obligé de quitter Londres et de commander la résistance française à l’occupation allemande, à partir de 1942 à Alger. C’est d’ailleurs pour cela qu’après l’indépendance de l’Algérie, il a demandé, en 1964, au Président Ahmed Ben Bella de l’offrir à la France pour être exploitée, avec un bail de 60 ans, ce que le premier chef de l’État de l’Algérie indépendante a accepté sans problème. Si la situation des biens exploités par la France en Algérie n’a jamais suscité ni débat ni polémique, elle a été remise au goût du jour à l’occasion des tensions actuelles, un article de l’agence officielle APS indiquant, entre autres, que la France exploitait 62 biens immobiliers à des prix très bas en Algérie. Pour l’heure, aucune décision d’expropriation n’est prise, mais l’évocation du sujet suffit à créer un climat de tension, dans des relations déjà très crispées entre les deux pays.

Akli Ouali

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