
L’Algérie célébrera aujourd’hui, à l’instar des autres pays du monde, la Journée mondiale de liberté de la presse, conformément à une « tradition » proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies. Coïncidant cette année avec une conjoncture problématique au niveau international, la célébration de la liberté d’informer est de plus en plus soumise à des entraves de tous genres, y compris dans les démocraties occidentales où elle est sous le contrôle des grosses fortunes. L’ONG Reporters sans frontières s’est d’ailleurs longuement interrogée sur « l’indépendance réelle des rédactions » dans une France livrée à l’extrême-droite et à ses gourous les plus rétrogrades. Aux Etats-Unis, le démantèlement des médias publics américains à l’étranger, comme Voice of America, privant « plus de 400 millions de personnes » d’un « accès à une information fiable », selon le Comité pour la protection des journalistes, une ONG américaine fondée en 1981 et dont le siège est à New York, n’a nul besoin de commentaires. « La liberté de la presse n’est plus un acquis aux Etats-Unis », a décrété cette ONG. Selon le classement annuel établi par RSF, c’est toujours la Norvège, qui occupe la première place du classement pour la neuvième année consécutive, alors que les Etats-Unis « se retrouvent en 57ème position, derrière la Sierra Leone ». Dans un communiqué publié hier à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Conseil national palestinien a affirmé que « le ciblage des journalistes palestiniens, en particulier dans la bande de Ghaza, constitue un crime de guerre à part entière selon le droit international, appelant à une enquête internationale et à la tenue de l’occupation pour responsable ». Plus de 213 journalistes ont été tués depuis octobre 2023 dans l’indifférence la plus totale de la communauté internationale. « Le meurtre systématique de journalistes palestiniens est accueilli par un silence honteux de la part de pays prétendant défendre la liberté de la presse et les droits humains », a dénoncé le CNP. Tout en prenant en compte les aspects subjectifs et orientés des classements établis par les différentes ONG, il faut admettre néanmoins qu’ils contiennent une part de vérité. Si dans le monde occidental, la domination des géants du numérique prend une tournure hégémonique, en Algérie, les préoccupations sont tout autre. Le ministre de la Communication a récemment annoncé la finalisation de l’élaboration des textes réglementaires encadrant l’activité journalistique dans le but de réguler la profession. Une profession dans l’obligation de réunir une pratique intègre à la sauvegarde des valeurs de responsabilité, sans porter préjudice au droit à l’information. A ce propos, l’agence de presse étatique, APS, a mis en exergue le fait que « le secteur poursuit résolument la mise en œuvre d’une stratégie prometteuse s’appuyant sur un arsenal juridique répondant aux standards internationaux en matière de pratique du journalisme et définissant clairement les droits et devoirs des journalistes ». Le secteur s’est attelé à l’élaboration d’un statut particulier du journaliste définissant les conditions d’exercice d’un métier à mettre à l’abri des influences claniques.
M.M
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