
À travers les quatre coins de la wilaya, le constat est sans appel : les structures sanitaires sont en net décalage avec les besoins croissants de la population. Qu’il s’agisse de polycliniques, d’hôpitaux ou de centres de soins, les infrastructures existantes peinent à répondre à la demande, tant en matière d’accueil que de qualité des prestations. Dans certaines communes, les citoyens sont contraints de parcourir plusieurs kilomètres pour espérer une consultation ou des soins de base. Une situation d’autant plus critique que certains projets attendus depuis des années demeurent bloqués ou connaissent des retards de réalisation inquiétants. Le cas de l’hôpital de 240 lits d’El Eulma en est une parfaite illustration. Annoncé avec tambours et trompettes, le projet tarde à ouvrir ses portes, quinze ans après son lancement. Achevée à 80 %, l’infrastructure attend une enveloppe supplémentaire pour boucler le reste à réaliser. L’attente risque d’être longue sachant que l’ouverture des plis du 16 décembre 2024 s’est avérée infructueuse. L’absence d’une manne financière suffisante en est la cause. Comme un malheur n’arrive jamais seul, les services concernés vont prendre leur temps pour préparer un énième dossier de réévaluation des travaux. La procédure ne se fera pas en un jour, au grand dam des patients de toute une région et des professionnels de la santé, lesquels devraient prendre leur mal en patience pour pouvoir bénéficier de meilleures conditions de travail. Même tableau dans les daïras de Beni Ouartilane et Beni Aziz, où les habitants espéraient voir se concrétiser les polycliniques d’hémodialyse, attendues depuis des lustres. N’ayant rien de travaux d’Hercule, les chantiers des deux structures avancent à pas de tortue. Le taux de réalisation oscille entre 25 et 30 %, en dépit des instructions du wali Mustapha Limani, lequel n’est pas resté de marbre face aux cris de détresse des malades lors de sa dernière visite à la daïra de Beni Ouartilane. Inscrite depuis de longues années, la polyclinique de Talaifacen (Bouandas) n’est toujours pas opérationnelle. L’équipement en est la cause. Fermée depuis un certain temps, la polyclinique des 1.014 logements, rendant pourtant de très grands services à la population de la périphérie Est du chef-lieu de wilaya, complète le tableau. À Salah Bey, chef-lieu de daïra situé à plus de quarante kilomètres au sud d’Ain El Fouara, les travaux de réalisation d’une polyclinique accusent un retard, puisque leur taux d’avancement tourne autour de 10 à 30 %. La cadence déplaît aux usagers et au personnel médical. Ce retard chronique dans la mise en œuvre et la finalisation des projets de santé est souvent lié à des lenteurs bureaucratiques, au manque de suivi rigoureux, ou encore à des entreprises défaillantes ayant abandonné les chantiers. Les appels d’offre infructueux et les désistements d’entrepreneurs aggravent la situation, sans que des solutions concrètes ne soient apportées à temps. Quant au chef-lieu de wilaya de plus de 2,8 millions d’habitants, le Centre Hospitalo-Universitaire (CHU) n’est plus, le moins que l’on puisse dire, fonctionnel. Manquant cruellement de moyens et de nombre de services, il ne répond plus aux besoins des patients et aux attentes des professionnels de la santé, lesquels travaillent dans des conditions difficiles.
Deux poids deux mesures
Les pannes répétées de certains équipements et l’absence de certains spécialistes rendent le parcours de soin laborieux pour les patients. La réalisation d’un deuxième CHU est renvoyée aux calendes grecques, à la grande déprime des Sétifiens, s’expliquant mal les deux poids et deux mesures. Mieux, le centre des urgences médico-chirurgicales de 120 lits, inscrit depuis 2023, ne voit toujours pas le jour. Selon le rapport présenté lors de la dernière session ordinaire de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW), un bureau d’études vient d’être désigné. Quant à l’hôpital cou et tête de 60 lits, il n’a pas bénéficié que de l’enveloppe des études. Celles-ci attendent l’approbation des services centraux du ministère de la Santé. Face à ce tableau préoccupant, les citoyens ne cessent d’interpeller les autorités locales et centrales. Les promesses de certains « députés » à la quête de « faux scoops » s’avèrent en fin de compte des flops. L’accès à une santé digne demeure un vœu pieux pour de nombreux habitants de la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants, qui aspirent à des services de qualité, proches et accessibles. Dans les zones éloignées, l’accès aux soins relève parfois du parcours du combattant. L’achat de quatre ambulances équipées et deux autres médicales pour un montant de 90 millions de dinars n’est pas finalisé. Il en est de même pour l’équipement de la polyclinique de Bouandas pour un montant 100 millions de dinars. La procédure qui s’éternise n’arrange pas les femmes enceintes, les personnes âgées et les enfants – premières victimes de cette manière de faire des responsables concernés. Ces derniers ont mis du temps à lancer les travaux de l’hôpital de 60 lits de Bouandas qui n’est pas sorti de terre, sachant que les travaux n’ont pas dépassé les 5 %. Attendu depuis la nuit des temps, l’établissement en question dont l’autorisation de programme est de 1,975 milliard de dinars sera-t-il livré dans les temps impartis ou va-t-il connaître le même sort que l’hôpital d’El Eulma, otage des procédures et d’une bureaucratie à la peau dure ? Rénové grâce à de nombreux opérateurs économiques affiliés à la chambre de commerce et d’industrie de Sétif, lesquels ont injecté plus de 600 millions de dinars, le pôle pédiatrique de la cité Kaaboub attend vainement une inauguration et un statut…
Kamel Beniaiche
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