
Le secteur de l’audiovisuel en Algérie vit une crise latente qui ne dit pas son nom. Le 2 mai, Echorouk News TV a été suspendue pour la durée de 10 jours par l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel. Motif de la suspension : la publication sur la page Facebook de la chaîne d’un terme à caractère raciste extrêmement grave, visant et stigmatisant les migrants subsahariens en situation irrégulière. L’ANIRAV avait dénoncé « un grave manquement à l’éthique journalistique, appelant à un traitement responsable des sujets sensibles ». Dans la nuit du dimanche à lundi, la société nationale, Télédiffusion d’Algérie, chargée de la gestion des émetteurs et de la diffusion des programmes des radios et des télévisions en Algérie, a procédé à l’interruption de la diffusion par satellite de trois chaînes de télévision privées en raison du non-paiement de leurs créances en suspens. Les chaînes visées par cette mesure sont El Heddaf, « 4 Kids », spécialisée dans les programmes pour enfants et « Al-Iktisadia Al-Oula », spécialisée dans l’information économique. Certaines sources parlent d’une créance de 500 millions de centimes en ce qui concerne El Heddaf, la chaîne dédiée au sport en général et au football en particulier. D’autres ont saisi cette occasion pour évoquer des problèmes internes et des conflits d’intérêt opposant les « actionnaires » de ce groupe médiatique, dont les recettes publicitaires sont considérables. A l’ombre de cette « sanction », des voix se sont élevées pour parler de salaires impayés et d’autres conflits financiers. Cependant, et quelle que soit la teneur des commentaires postés sur les réseaux sociaux, tournant tous autour de l’interruption d’El Heddaf, cette chaîne qui a défrayé la chronique par ses dérapages illimités, il y’a lieu de noter que ce média a repris sa diffusion, hier en début d’après-midi. Ce retour s’explique logiquement par le payement des créances, ce qui est tout à fait normal ; si entre-temps, des appels à la solidarité des téléspectateurs n’avaient pas été lancés à travers les réseaux sociaux. Au niveau de la chaîne c’est le black-out total. Ses responsables n’ont pas jugé utile d’informer leur public sur le mode d’arrangement qu’ils ont trouvé avec l’entreprise TDA. Mais comment une telle chaîne TV, qui emploie de nombreux anciens footballeurs recyclés en consultants, assurément bénéficiant de salaires plus que confortables, soit arrivée à être rappelée à l’ordre pour non-paiement de créances à l’organisme étatique chargé de sa diffusion ? Décidemment, il y’a de l’opacité dans l’air. De nombreux internautes continuent à s’interroger à propos d’une chaîne, dont les responsables se sont déplacés en 2018 à Paris pour honorer Didier Deschamps et lui remettre un prix, alors qu’elle n’a jamais porté de considération à Djamel Belmadi, qui se trouve subitement en cessation de payement vis-à-vis d’un organisme étatique.
Mohamed Mebarki
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