
Un mois après le bref dénouement dans les relations algéro-françaises, c’est à nouveau le froid qui caractérise les liens entre les deux pays. Une affirmation qui émane du ministre français des Affaires étrangères, Louis-Noël Barrot, qui a évoqué une situation de blocage total, dans une interview accordée à RTL. « À ce stade, la situation est bloquée et c’est la responsabilité des autorités algériennes », a indiqué le ministre, qui précise que l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, était « toujours à Paris » et ne devait pas retourner en Algérie « sur instruction du président Emmanuel Macron ». Le diplomate français avait été rappelé le 12 avril, « pour consultation », après l’expulsion par l’Algérie de 12 agents français travaillant dans l’ambassade et les consulats dans notre pays. Malgré cela, le chef de la diplomatie française ne souhaite pas suivre son homologue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur les « sanctions » contre l’Algérie. « Nous avons intérêt (…) à ne pas faire de l’Algérie un sujet de politique intérieure », a prévenu Barrot. « Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c’est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l’on obtient des résultats », a-t-il indiqué. Pour illustrer la probable nouvelle orientation de sa position vis-à-vis de l’Algérie, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est rendu avant-hier, lundi 5 mai, à la Grande Mosquée de Paris, pour s’y recueillir sur la dépouille de Aboubakar Cissé, le citoyen malien de 22 ans tué la semaine passée dans une mosquée. Il a été accueilli par Chamsedine Hafiz, Recteur de l’institution religieuse et un proche de l’Algérie. Ce geste se veut un rattrapage pour le responsable français, qui avait évité de se rendre dans la Grande Mosquée suite à son invitation à l’occasion du Ramadhan, et a pris du temps avant de se rendre dans le Gard, lors de l’assassinat du ressortissant malien. Mais malgré ce blocage, des fenêtres de dialogue s’ouvrent de temps à autre. En effet, des élus de différentes mouvances vont venir en Algérie, à l’occasion de la commémoration des évènements du 8 Mai 1945. Selon le journal Le Figaro, Laurent Lhardit, député socialiste et président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste et présidente de la commission des affaires culturelles, Danielle Simonnet, députée de Paris ex-LFI désormais au groupe écologiste, Stéphane Peu, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale ou encore Belkhir Belhaddad, député non-inscrit (ex-Renaissance) figurent dans cette délégation. On y trouve également plusieurs sénateurs centristes, comme Raphaël Daubet, élu dans le Lot, Sophie Briante Guillemont, représentante des Français établis hors de France, ou encore Ahmed Laouedj, sénateur radical de Seine-Saint Denis. Citons également le sénateur socialiste de Seine-Saint Denis Adel Ziane et le sénateur divers-gauche, le franco-algérien Akli Mellouli. Chez les députés, Sabrina Sebaihi et Karim Ben Cheikh (groupe écologiste) seront de la partie. Ils seront accompagnés d’une vingtaine d’élus, dont plusieurs membres du Cercle Émir Abdelkader, notamment Rafik Temghari, son président et fondateur, élu de Rueil-Malmaison. « Je me réjouis d’aller avec cette délégation à Alger pour commémorer le 8 mai 1945. Soutenir le travail de mémoire est un des trois axes de travail de notre groupe, qui veut aussi éclairer les intérêts économiques et stratégiques partagés entre les deux pays, et soutenir et révéler l’extrême intensité des relations capillaires entre les sociétés civiles française et algérienne », a affirmé Laurent Lhardit, cité par la même source. La venue de cette délégation est perçue par certains observateurs comme un signal d’une possible reprise du fil du dialogue entre les deux pays.
Akli Ouali
Partager :