
Les relations algéro-françaises qui connaissent une tension inédite depuis des mois, ponctuées par quelques éclaircies et des longs passages nuageux pourraient se calmer dans les prochains jours. Il y a en effet des signes sérieux qui vont dans cette direction, comme le souhaitent, sans doute, les Présidents des deux pays qui avaient d’ailleurs donné le la à cette ambition lors de leur entretien téléphonique le 31 mars dernier. Malheureusement, cet échange qui avait acté la reprise de langue entre Alger et Paris après huit longs mois de glaciation fut vite sabordé par des milieux hostiles favorables à l’excité ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le printemps des relations bilatérales n’a donc duré que quelques jours. Une lueur d’espoir semble cependant pointer à l’horizon et la France officielle a compris que notre pays ne badine pas avec ses principes et qu’il n’est pas question pour lui de céder au discours arrogant et revanchard du premier flic de France qui a usé et abusé du thème Algérie comme carburant de sa campagne pour mettre la main sur son parti le LR. Et pourquoi pas, lui servir de marche-pieds pour conquérir le palais de l’Elysée en 2027. Une stratégie qui fait de plus en plus de mécontents. A commencer par son adversaire Laurent Wauquiez qui l’a publiquement interpellé à l’Assemblée nationale en lui rappelant que ses responsabilités au sein du gouvernement sont incompatibles avec les fonctions de président du parti qui requièrent un engagement et une présence soutenus. C’est là un message subliminal de Laurent Wauquiez à Bruno Retailleau de choisir entre garder son maroquin à place Beauvau ou s’engager à la tête des Républicains. Ceci au sein du pari. Au gouvernement, son collègue des affaires étrangères, Jean- Noël Barrot n’a pas hésité à envoyer une pique à Retailleau via la radio RTL en glissant que les relations de la France avec l’Algérie ne devaient pas être un thème de politique interne. Cette remarque sonne comme un rappel à l’ordre par le chef de la diplomatie française à son collègue de l’Intérieur qui a largement empiété sur ses plates-bandes durant les huit mois de tension extrême entre Paris et Alger. Et Retailleau veut apparemment calmer le jeu et ses ardeurs, en témoigne son déplacement lundi à la Grande Mosquée de Paris où il a assisté à la cérémonie funéraire de l’imam Boubacar Cissé sauvagement assassiné. Retailleau y a affiché un profil bas aux côtés de Chams Eddine Hafiz à qui il aurait confié sa volonté et son souhait d’être reçu par le président Tebboune pour entériner la fin de la brouille avec l’Algérie qu’il a personnellement provoquée et alimentée. Ces petits gestes laissent supposer en tout cas un probable retour à la normale dans les prochains jours entre Paris et Alger. Le dégel des relations est-il donc en marche ? Wait and see.
Par Imane B.
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