Dans le cadre du projet de collecte et numérisation de l’archive du théâtre algérien, le Théâtre Régional d’Annaba (TRA) Azzedine Medjoubi a organisé, avant-hier, mardi 6 mai, une rencontre sur les archives et le parcours du théâtre d’Annaba entre 1972 et 1980. Le troisième coup du brigadier a retenti à la salle d’honneur Toufik Mimiche du TRA ! Les initiateurs du projet sur l’archive du théâtre algérien ont animé la troisième rencontre dédiée à ce projet ambitieux. Après Alger et Constantine, le directeur du théâtre national, Mohamed Yahiaoui, le grand dramaturge Ziani Chérif Ayad et le professeur Ahmed Cheniki ont ciblé Annaba pour expliquer le processus, sa difficulté et sa valeur ajoutée. « Nous devons collecter les archives, non pas pour préserver la mémoire uniquement, mais c’est surtout pour assurer un lien intergénérationnel », note Ziani Chérif Ayad. Et d’ajouter : « Ce processus permet l’analyse, dans le but de faire ressortir les particularités du théâtre algérien. Dans la période 1972-1980, il était marqué par la puissance du travail collectif ». Pour sa part, le professeur Ahmed Cheniki est revenu sur les concepts utilisés. Selon le chercheur, il est impossible de reconstituer la mémoire du théâtre algérien car beaucoup de pièces manquent au puzzle. Beaucoup trop ! Le concept de mémoire doit être redéfini, selon Cheniki. Mohamed Yahiaoui, directeur du TNA, annonce une nouvelle qui fait plaisir. Une déclaration qui est venue en réponse aux soucis de budgétisation évoqués par le professeur Cheniki. « Nous avons eu une réunion importante la semaine dernière avec les cadres du ministère de la Culture à propos de la création d’un musée public du théâtre national. Il sera localisé à la Casbah d’Alger, et aura son propre budget, sa mission et sa propre organisation. Le centre national des ressources qui va être créé y sera rattaché ». Un bel accomplissement pour cet homme qui, selon ses collaborateurs, insiste sur la création de ce centre depuis 2017. Mourad Senouci, directeur du Théâtre Régional d’Oran (TRO), est revenu sur la création du centre de ressources dédié au dramaturge feu Abdelkader Alloula. « Nous avons collecté 1.000 pièces sur Alloula entre textes, photos, livres personnels et autres. Nous avons aussi toutes les thèses, mémoires de master, études sur lui, et actuellement, nous travaillons avec les théâtres régionaux pour puiser dans leurs archives et tirer le maximum de documents sur lui ». Quant à la démarche pour effectuer ce travail de titan, Senouci note un détail de taille : « Il suffit d’être crédible pour pouvoir puiser des fonds personnels de la famille des artistes. Nous avons tout enregistré chez un notaire et inventorié les 1.000 pièces d’Alloula disponibles chez sa famille ». De grands artistes comme Mohamed El Aïd Kabouche et Djamel Marir, qui a occupé la fonction de directeur du théâtre d’Annaba, ont donné des témoignages poignants sur leurs expériences respectives. Le directeur artistique du théâtre national, Djamel Guermi, a rappelé que le TNA est à pied d’œuvre sur la question des archives depuis 2014. Idriss Boudiba, ex-directeur de la culture d’Annaba, a évoqué la déperdition des costumes et accessoires à cause des prêts par décharges entre les théâtres, et comment cet élan d’entraide entre administrations et artistes a pu nuire au patrimoine théâtral. En marge de la rencontre, la direction du TRA a organisé une visite dans l’enceinte de la bâtisse en présence de la directrice de la Culture d’Annaba. L’aménagement de la salle d’archives, la bibliothèque du théâtre, une exposition des documents archivés de la période 1972-1980 ont été présentés. Une belle visite guidée par Mehdi Rizi, directeur du théâtre d’Annaba, qui a saisi l’occasion pour annoncer le programme de jumelage entre le TRO et le TRA qui s’inscrit dans le cadre de la convention entre le théâtre et l’université.
F. Z. B.
Partager :