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Front de mer de Chetaïbi (Annaba) en chantier : La saison estivale de nouveau compromise ?

Va-t-on vers une nouvelle saison ratée du côté du village paradisiaque de Chetaïbi, l’un des plus beaux villages d’Algérie, fruit de l’une des plus belles baies au monde ? Au vu des travaux ciblant la modernisation et la rénovation totale du boulevard du front de mer, engagés à moins d’un mois de l’ouverture de la saison estivale 2025, les risques d’un été échoué sont énormes. En outre, la situation générale qui caractérise les lieux, en matière de déficits et de carences, laisse supposer des vacances difficiles. Ainsi et contre toute attente, des travaux de modernisation totale du boulevard du front de mer, long d’environ 500 mètres, ont été entrepris. Tout a été rasé, aussi bien la chaussée que les trottoirs, emportant avec eux les arbres et les chaises et, pour boucler la boucle, la totalité du garde-fou. « Si l’on se réfère au rythme actuel des travaux, il sera impossible que l’antique Tacatuasoit prête pour la saison estivale. Cette avenue, qui longe la principale plage du village, demeure, au même titre que le port de pêche, le temple des vacanciers durant la saison estivale », estiment les habitants. Pour des riverains approchés à ce sujet, c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Ils rappellent, dans ce cadre, que d’importants moyens pour métamorphoser ce front de mer avaient déjà été déployés il y a quelques années seulement. En effet, l’État avait lancé en 2019 de nombreux projets de développement au profit de cette région balnéaire par excellence. À l’image de celui du réaménagement du boulevard principal et du port de plaisance. Les travaux en question avaient ciblé, entre autres, un mur de soutènement, le renouvellement de l’éclairage public, l’embellissement de la chaussée et des trottoirs, et ont nécessité une enveloppe financière de plus de 25 milliards. Pourtant, en plein exercice depuis plus d’un siècle, Chetaïbi vit malheureusement encore, après près de 64 ans d’indépendance, à l’heure de l’isolement. Donc, quoi de plus paradoxal pour un commis d’État que de découvrir que l’un des plus beaux villages d’Algérie, fruit de l’une des plus belles baies au monde, appartient à l’une des communes les plus pauvres et les plus isolées du pays. Véritable havre de paix, région féerique pour le visiteur qui est vite séduit, il n’est cependant, pour ses habitants, qu’une région enclavée et déshéritée où sévissent le chômage et le spleen des jeunes. Ces derniers n’ont, en réalité, de rêve que pour le « bled », autrement dit la ville dAnnaba. Pour beaucoup de villageois, l’exode est la seule issue. Ainsi, Chetaïbi, autrefois Tekkouche, est fui par les siens. D’abord par les aînés qui ont déjà montré le chemin, et tant pis s’ils ont opté pour le béton des Habitations à Loyer Modéré (HLM) et la pollution industrielle. Maintenant, c’est au tour des jeunes qui vont à l’université et au lycée à Annaba et Berrahal, et dont beaucoup ne voudront plus revenir. Mais depuis un certain temps, pour la majorité des jeunes, la « harga », ou l’émigration clandestine, reste l’unique issue.

B. Salah-Eddine

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