
La 78ème édition du festival de Cannes vient de démarrer hier dans un contexte international fortement perturbé. Pour démontrer qu’ils ne sont pas passifs devant le sort tragique réservé au peuple palestinien de Ghaza, près de 400 personnalités du monde du cinéma ont dénoncé dans une tribune publiée la veille, le silence face au génocide en cours dans l’enclave palestinienne, sous embargo israélien depuis des mois. En plus de l’hommage rendue à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, tuée, il y’a un mois, à son domicile, alors qu’elle venait d’apprendre la sélection au festival de Cannes d’un film dont elle était l’héroïne, cinéastes, réalisateurs et acteurs, hommes et femmes, affirment ne plus pouvoir rester silencieux tandis qu’un génocide est en cours à Ghaza, et « que cette actualité indicible touche nos milieux de plein fouet ». Des noms connus du monde du cinéma, tels que Richard Gere, Susan Sarandon, Pedro Almodóvar, Julie Delpy ou encore Leïla Bekhti et Javier Bardem, ont évoqué également l’agression par des colons israéliens du réalisateur palestinien oscarisé Hamdan Ballal, et dénoncé l’absence de soutien de l’académie des oscars. « Nous refusons que notre art soit complice du pire. Levons-nous. Nommons le réel. Osons le regarder collectivement avec la précision du cœur pour qu’il ne puisse plus être mis sous silence et couvert. Refusons les propagandes qui colonisent sans arrêt nos imaginaires et nous font perdre le sens de nos humanités », ont-ils déclaré. « Pour Fatma, pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence. Le cinéma se doit de porter leurs messages, d’être un reflet de nos sociétés. Agissons avant qu’il ne soit trop tard », ont-ils affirmé, alors que le monde assiste « impuissant » à l’extermination d’un peuple, qui refuse d’abandonner sa terre. « Une telle passivité nous fait honte », ont écrit les signataires. Pendant ce temps, et citant des données du ministère palestinien de la santé, l’Organisation mondiale de la santé a rapporté qu’au moins 57 enfants sont morts des effets de la malnutrition depuis le début du blocus de l’aide humanitaire le 2 mars dernier. Après dix-neuf mois de conflit, l’intégralité de la population gazaouie, soit environ 2,1 millions de personnes, est confrontée à « un risque critique de famine », avec 22 % de la population bientôt dans une situation « catastrophique », ont alerté lundi des agences de l’ONU. S’exprimant lors d’une conférence de presse de l’ONU à Genève, Richard Peeperkorn, représentant de l’OMS pour les territoires palestiniens occupés, a décrit la situation comme « l’une des pires crises de la faim au monde » marquée par de graves pénuries « de denrées alimentaires et de fournitures médicales ». « Si la situation persiste, près de 71.000 enfants de moins de cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë au cours des onze prochains mois », a-t-il averti, ajoutant que près de 17.000 femmes enceintes et allaitantes sont également menacées. De son côté, le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré qu’Israël utilisait l’aide alimentaire et humanitaire comme arme de guerre dans la bande de Ghaza, la qualifiant de « crime de guerre ». « Je n’ai aucun doute que ce à quoi nous assistons depuis 19 mois, et particulièrement depuis deux mois, est une utilisation délibérée de nourriture et d’aide pour atteindre des objectifs politiques ou militaires à Ghaza », a-t-il indiqué dans un communiqué publié mardi sur le site officiel de l’agence.
Mohamed Mebarki
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