
Le secteur du transport demeure l’un des plus sinistrés de la wilaya, tant par le manque d’investissements que par l’absence d’une vision claire et durable. En dépit des nombreuses doléances des citoyens et des revendications formulées lors des précédentes sessions de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW), le plan de transport global tarde à voir le jour, laissant place à des incohérences et insuffisances criantes dans les circuits urbains, suburbains et inter-wilayas. Dans les villes de Sétif et d’El Eulma, deux principales agglomérations de la wilaya, l’absence de véritables plans de circulation adaptés à l’évolution démographique et urbanistique engendre chaque jour des embouteillages monstres, un désordre quasi permanent et une perte de temps considérable pour les usagers. Les carrefours, souvent dépourvus de feux tricolores fonctionnels ou de giratoires efficaces, deviennent des points noirs où règne la confusion. « Pointé du doigt, le principal giratoire du centre-ville est la plus importante tache noire de la ville de Sétif qui étouffe. Interpellés à maintes reprises, les responsables de la direction du Transport et les locataires de l’hôtel de ville font la sourde oreille. Source d’embouteillages matin et soir, heure de pointe ou non, ce point noir, situé pourtant à quelques mètres du siège de la wilaya, ne dérange pas les responsables concernés. Le tracé du tramway a fait le reste. Ayant fait couler beaucoup d’encre, le manque de parkings à étages envenime davantage les choses. Moyen idoine pour mettre un terme au problème de stationnement en milieu d’agglomération où la quasi-totalité des boulevards affiche ‘’interdiction de stationner’’, la réalisation de parkings devient une urgence à la fois économique et écologique », soulignent, non sans dépit, des Sétifiens rencontrés sur la placette de la grande poste, lieu de rencontre de nombreux retraités de la cité. À cette carence s’ajoute une infrastructure vieillissante, en particulier la gare routière de la ville de Sétif, qui donne une image indigne d’une capitale de wilaya. Mal entretenue, dépourvue de commodités élémentaires, mal sécurisée et saturée aux heures de départ, cette gare ne répond plus aux exigences du transport moderne. Les usagers, excédés, dénoncent régulièrement l’insalubrité, l’encombrement et l’absence d’une signalétique claire. Les transporteurs, eux, pointent l’absence de gestion efficace, ce qui crée un climat d’anarchie. « L’espace n’a rien d’une gare routière d’une ville carrefour. En piteux état, la structure donne une très mauvaise image de Sétif, la cité des bâtisseurs. Les réclamations des usagers ainsi que les revendications des transporteurs restent, malheureusement, lettres mortes. Propriétaire des lieux, la commune qui a pourtant promis de réagir n’a toujours pas honoré ses engagements », fulminent des taxieurs s’expliquant mal le silence radio des responsables locaux.
Des risques multiples
Le tableau est encore plus sombre dans plusieurs chefs-lieux de daïra, qui ne disposent toujours pas de gares routières officielles. Dans des villes comme Bougaa et Ain El Kebira où les voyageurs doivent se contenter de points de stationnement improvisés, souvent mal situés, sans abris, sans sanitaires ni guichets, les usagers sont exposés aux aléas climatiques et aux risques sécuritaires. Ce déficit d’infrastructures constitue un frein au développement local. Mieux encore, de nombreux bus de transport urbain dépassant les trente ans d’âge continuent de circuler quotidiennement à Sétif-ville, au mépris des normes de sécurité et de l’environnement. Ces véhicules vétustes, bruyants et mal entretenus tombent fréquemment en panne, mettant en danger la vie des passagers et des usagers de la route. Leur moteur à forte émission de fumées noires contribue gravement à la pollution de l’air, déjà préoccupante en milieu urbain. L’absence de renouvellement du parc roulant reflète la situation d’un secteur en déclin. En plus de leur impact écologique, ces bus participent à la dégradation de l’image de la ville. Face à ces multiples défaillances, la population ne cesse d’interpeller les autorités à différents niveaux pour une refonte urgente du système de transport à l’échelle de la wilaya. L’élaboration d’un schéma directeur cohérent, l’accélération de la mise en œuvre du plan de transport, la modernisation des gares existantes et la création de nouvelles structures dans les daïras sous-équipées sont autant de chantiers prioritaires. Il en va de la mobilité, de l’équité territoriale, mais aussi de l’attractivité économique de tout le territoire sétifien où la réalisation d’une deuxième station de tramway devient une nécessité. D’autant que ce moyen de transport est rentable. La preuve, pas moins de 20.844.601 personnes ont pris le tramway en 2024. Comparativement à 2023 durant laquelle pas moins de 15.731.764 passagers ont pris ce moyen de transport, la croissance est de 32,5 %. Ceci est valable pour l’aéroport 8-Mai 1945. Paradoxalement, malgré la diminution du nombre de vols, le nombre de voyageurs a connu un bond de plus de 5,67 % en 2024, sachant que 249.623 personnes ont pris l’avion à partir de cet aéroport faisant face à une faible exploitation, pour ne pas dire dérisoire et insignifiante…
Kamel Beniaiche
Partager :