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Lutte contre la traite des êtres humains : La loi 23-04 au cœur d’un séminaire à Mila

La cour de justice de la wilaya de Mila a organisé, jeudi 15 mai, un séminaire sur la traite des êtres humains. Plusieurs communications thématiques ont été présentées à cette occasion. Le phénomène a été qualifié de crime par le président de la cour, Ammar Djafi. Le magistrat a indiqué que la traite des êtres humains est en recrudescence de par le monde et que la loi 23-04 du 9 mai 2023 a apporté une série de mécanismes de lutte contre ce phénomène, ainsi qu’une stratégie de prévention qui implique de nombreux secteurs de l’Etat. Djafi souligne que la traite des êtres humains n’est plus ce qu’elle était au 19eme siècle, à l’époque de l’esclavagisme. « La traite des êtres humains englobe aujourd’hui le trafic des organes, les réseaux organisés de prostitution et de mendicité, l’exploitation des mineurs dans le travail et les conflits militaires », a-t-il expliqué. Le magistrat soutient que cette activité est si lucrative qu’elle est classée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) à la troisième place mondiale après le trafic d’armes et de la drogue. Le procureur général Tebbib Azeddine a, pour sa part, indiqué que la loi algérienne 23-04 s’inscrit dans la logique du Protocole de Palerme, portant interdiction de la traite des êtres humains. « De nombreux crimes, tels que la prostitution et la mendicité pratiquées en réseaux organisés, tombent désormais sous le coup de la traite des êtres humains, selon la définition retenue par la convention de Palerme », rappellera-t-il, en indiquant que les réseaux de trafic d’organes, de prostitution et d’exploitation de mineurs et de femmes dans les guerres et le trafic de drogue visent particulièrement les individus issus de milieux défavorisés et les femmes aux conditions précaires. Aussi, le locuteur préconise le durcissement des lois pour dissuader les organisations mafieuses qui s’adonnent à ce type d’activité. S’adressant aux juges, il a clamé : « Il faut frapper avec une main de fer lors du traitement des affaires de ce genre. Il faut prononcer la réclusion criminelle à perpétuité. La loi le permet ». Le représentant de la corporation des avocats a, en ce qui le concerne, indiqué que « marier une fille ou une femme contre son gré ou pousser un enfant à vendre de la galette sur la voie publique sont aussi de la traite des personnes ». L’avocat souligne que a loi algérienne sur la protection de la femme, de l’enfant et des personnes aux besoins spécifiques est pionnière et constitue le cadre législatif idéal pour la préservation des droits de ces catégories sociales, en précisant que, par le truchement de ce texte, l’Etat assure la défense à tous les individus victimes de maltraitance ou ayant fait l’objet d’exploitation de quelque partie que ce soit. Dans son intervention, Samir Ferdi, juge d’instruction près le tribunal de Ferdjioua, a indiqué que la loi 24-04 a apporté de nombreuses mesures de nature à renforcer la prévention du déplorable phénomène de la traite des êtres humains, en soulignant que ce mal reste difficile à prévenir. « Prévenir l’exploitation des êtres humains reste un défi pour tous les pays, d’où le petit nombre d’affaires qui arrive devant les tribunaux », dira-t-il. Dans ce sillage, le magistrat indiquera que les tribunaux algériens ont traité cinq affaires de ce genre durant l’année judiciaire 2019-2020 et onze en 2022-2023. Il rappelle, par ailleurs, que le nombre de personnes ayant fait l’objet d’exploitation à travers le monde en 2024 est de 27,6 millions à travers 186 pays.

Kamel B.

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