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Diplomatie : Nouveau coup de froid dans les relations algéro-françaises

Les relations entre l’Algérie et la France sont devenues comme un feuilleton à rebondissements. Les deux gouvernements se donnent des «  coup pour coup. » Parfois publiquement, dans d’autres cas, discrètement. C’est ce que viennent de faire les autorités françaises qui ont décidé de dénoncer de manière unilatérale l’accord de 2007 qui permettait aux ressortissants des deux pays détenteurs d’un passeport diplomatique d’entrer dans l’autre pays sans visa. Ainsi, selon le site FranceInfo qui cite un message de l’État-major de la direction générale de la police nationale (DGPN), « tous les ressortissants algériens, titulaires de passeports diplomatiques ou de service, sont soumis à l’obligation de détenir un visa pour franchir les frontières extérieures françaises ». « Le ressortissant algérien, titulaire de passeport diplomatique ou de service qui ne détient pas de visa (…) fera l’objet d’une procédure de non-admission / refoulement », ordonne l’état-major de la DGPN, qui demande aux forces de l’ordre de « rendre compte de toute difficulté rencontrée ». En réalité cet accord qui concerne en Algérie des dizaines d’anciennes personnalités politiques de différents horizons, civiles et militaires compris, en plus des diplomates, a été rendu caduque depuis plusieurs mois par une décision des autorités algériennes qui ont demandé au fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères de ne plus se rendre en France et ne pas transiter par ce pays. La décision n’avait pas été rendue publique, mais elle a été révélée par une dépêche de l’APS. C’était une réponse aux menaces du ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, qui menaçait quotidiennement d’imposer « des sanctions » à l’Algérie. Parmi les mesures brandies à l’époque, figurait le renvoi de certains anciens diplomates qui se rendaient en France pour des affaires personnelles. Un ancien ministre et un diplomate en poste dans un pays africain avaient d’ailleurs été renvoyés dès leur arrivée sur le sol français. A l’ombre de la dégradation des relations diplomatiques entre les deux pays, les liens économiques et commerciaux sont largement affectés. Ainsi, selon les derniers chiffres des douanes françaises, les importations algériennes de l’Hexagone ont chuté de plus de 24%. Dans certains domaines, comme les produits agricoles et spécifiquement les céréales, la baisse a été de 100% puisque l’Algérie n’a importé aucun grain de blé français depuis l’été 2024. Cela représentait dans les meilleures années jusqu’à 1 milliard d’Euros. A cela s’ajoute le blocage de beaucoup de projets français en Algérie, à l’image de l’usine Renault d’Oran pour qui les autorités algériennes ont donné un avis défavorable en février dernier, malgré un investissement de 120 millions d’Euros dans le but de se conformer à la nouvelle réglementation de notre pays. Rien dans le ciel, pourtant dégagé, de la Méditerranée ne dit que les relations entre les deux pays vont se normaliser dans les jours qui viennent. Tous les ingrédients convergent vers le contraire !

Akli Ouali

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