
Evoquer la date du 19 mai 1956 devant des jeunes et c’est machinalement que leurs esprits vont au stade de Annaba, construit en 1987 pendant l’ère de Chadli Bendjedid, et les inoubliables matchs de l’équipe nationale qu’il a abrités dans son enceinte. Sans que cela ne détériore leur compréhension d’un événement historique majeur, dont cette structure sportive s’est parée pour préserver la mémoire collective. Ce jour-là, le 19 mai 1956, la lutte armée engagée contre l’occupant français allait connaitre une évolution remarquable, un an et demi après son déclenchement. L’appel lancé par Larbi Ben M’hidi, Amara Rachid et Abane Ramdane, aux étudiants algériens afin qu’ils désertent les bancs de l’université pour rejoindre les rangs de la révolution, allait changer le cours des événements. Le ralliement des étudiants aux maquisards du 1er novembre 1954 a fait fondre dans la chaleur de l’action un des mythes entretenus par les idéologues de la colonisation. Les jeunes étudiants et également lycéens ont tranché : ils ont dit non aux thèses assimilationnistes, d’ailleurs hypocrites et sélectives. « Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres », ont-ils riposté, en s’engageant à participer à la lutte héroïque menée par le peuple algérien. Cité par Kamel Bouchama, ancien ministre, sénateur et ambassadeur, Henri Alleg, militant communiste affirmait que « pour les combattants, eux aussi très jeunes, qui voient arriver ces étudiants, c’est la preuve que la ville, et que tout le pays désormais est avec eux ». Privés de leur organisation dissoute par l’administration coloniale, les étudiants révolutionnaires ont poursuivi leurs activités dans la clandestinité à l’intérieur, et à découvert à l’étranger. De l’agent de liaison au diplomate dont la mission était de faire entendre la voix de l’Algérie, en passant par le jeune maquisard qui a pris les armes, tout le monde a contribué à la lutte, souvent en consentant des sacrifices inouïs. La mobilisation générale et permanente de cette frange de la société ne connut aucun répit jusqu’à l’indépendance. Les tentatives de leur aliénation par le colonialisme ont presque toutes été des échecs. Le processus de dépersonnalisation mis en œuvre par la France coloniale a fini par être dissout dans le feu de la révolte. « Commissaires politiques, agents de liaison, soldats, infirmiers, médecins, agents des transmissions, professeurs dans les écoles de cadres de l’ALN ou représentants de la Révolution à l’étranger, les jeunes se sont engagés dans la vie militante avec toute leur ardeur, leur intelligence et leur fidélité », rappelle Kamel Bouchama. Et cela n’a pas manqué d’apporter ses fruits au niveau international notamment où la solidarité avec le combat des Algériens a pris une dimension internationale, en dépit des manipulations de la France coloniale. La guerre et la répression n’ont fait que renforcer le sentiment national chez des jeunes, devenus par la grâce de l’histoire des héros.
Mohamed M
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