65 views 4 mins 0 Comment

Présidence du Conseil de la nation : L’alternance générationnelle actée

Le siège du Conseil de la nation, sur le front de mer, a connu hier, une journée spéciale avec le déploiement des fastes protocolaires afin d’accompagner la cérémonie d’élection du nouveau président qui doit succéder à Salah Goudjil, vétéran de la scène politique, âgé de 94 ans. La séance de vote, après la validation de la qualité de membre des nouveaux sénateurs, s’est déroulée sans recours à l’urne et s’est transformée en simple acclamation du candidat unique au perchoir, après le retrait, la veille, de Belkacem Boukhari, Aïssa Bourokba et Dahou Ould Kablia. Qui est le nouveau président du Conseil de la nation, la deuxième institution politique du pays dans l’ordre protocolaire, après la présidence de la République ? Azzouz Naceri, plébiscité donc hier par ses collègues, n’est pas un personnage médiatique qui fait régulièrement la « Une » des médias, mais ce n’est pas pour autant qu’il est inconnu. Du moins, dans le circuit du « troisième pouvoir », la justice, où il a accompli l’essentiel de son parcours professionnel. D’abord membre du Conseil constitutionnel entre 1989 et 1995, il deviendra premier président de la Cour suprême de 1995 à 1999, période difficile durant laquelle l’Algérie faisait face aux hordes islamo-terroristes qui avaient pris les maquis pour renverser l’ordre républicain consacré par la déclaration fondatrice du 1er Novembre 1954. Ces dix années au sein de ces deux institutions majeures lui ont permis d’acquérir une expertise majeure et une connaissance parfaite des rouages de l’appareil judiciaire du pays, ce qui lui confère aujourd’hui toute la légitimité pour présider aux destinées de la chambre haute du Parlement, dans laquelle il siège depuis 2022 en tant que membre du tiers présidentiel. Azzouz Naceri, en devenant depuis hier le cinquième président du Conseil de la nation — une institution créée en 1998, sous la présidence de Liamine Zeroual — incarne le « passage du flambeau » ou encore la transition générationnelle que le président Tebboune appelle de ses vœux et qu’il a déjà traduite dans l’actuelle APN (avec un pourcentage de 30 % de jeunes députés). Né après l’indépendance du pays, son sacre à la tête de la deuxième chambre du Parlement s’inscrit dans le prolongement de cette option stratégique de rajeunissement des institutions, au niveau du gouvernement (avec des Premiers ministres nés après l’indépendance) et de l’APN, présidée actuellement par Ibrahim Boughali, lui aussi né le 3 mars 1963 à Beni Yezguen (Ghardaïa). Azzouz Naceri, outre son expertise, va apporter aussi sa jeunesse, sa fraîcheur, une vision, et certainement un style dans la direction du Conseil de la nation, cette institution qui fait figure de repère dans le paysage institutionnel, particulièrement dans les moments de crise, comme on a pu l’observer lors de la démission du président Bouteflika. Azzouz Naceri acte la fin d’un cycle qui a vu se succéder à la tête de l’institution les anciennes figures de la révolution : Bachir Boumaza, Mohamed Chérif Messadia, Abdelkader Bensalah et enfin Salah Goudjil. C’est l’alternance générationnelle en acte.

H. Khellifi

Comments are closed.