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En proie à une crise persistante : Al-Solb El-Hadjar au bord du gouffre ?

Ça sent de nouveau le roussi au sein de l’usine Al-Solb El-Hadjar, fleuron de l’industrie sidérurgique algérienne, qui fait face à une nouvelle crise. Cette crise risque, selon des cadres de l’usine, de paralyser le complexe. En cinq mois de 2025, l’usine n’a produit que 100.000 tonnes de fonte liquide. La production d’aciers liquides conforme ne reflète pas les chiffres annoncés en début d’année. Pour les spécialistes et cadres internes, « ce résultat représente un niveau historiquement bas ». À cela s’ajoutent des perturbations dans l’approvisionnement en coke, en particulier dans le transport de cette matière entre le port d’Annaba et l’usine. Selon la direction générale d’Al-Solb El-Hadjar, face à l’incapacité de la société nationale de transport routier à répondre aux besoins de l’usine, la direction a fait appel à un opérateur privé. Le comble : après quelques jours, ce dernier s’est finalement désisté. Il était incapable de respecter les termes du contrat qui lui était offert de gré à gré. Ce choix controversé, effectué sans appel d’offres public, soulève des interrogations sur la gouvernance actuelle. Dans un contexte de stock quasi épuisé, une nouvelle cargaison de 6.046 tonnes de coke, transportée par un navire russe, est attendue dans les prochains jours. Toutefois, affirme-t-on de même source, les coûts de transport, fret et logistique élevés de cette cargaison seraient plus élevés que les bénéfices qu’elle pourrait générer. Pour rappel, le haut fourneau, cœur de la production, a connu un arrêt prolongé de plus de deux mois en fin d’année 2024, en raison d’une pénurie de coke, matière première indispensable. Cette instabilité s’est poursuivie en 2025 avec des arrêts techniques imprévus et des pannes répétées aux aciéries à oxygène. Nos interlocuteurs pointent du doigt « l’absence de stratégie claire, un manque de planification et l’exclusion des compétences techniques internes dans les processus de gestion et de maintenance ». La crise sociale s’accentue parallèlement. Les engagements pris en février 2025 concernant des augmentations salariales, approuvés par l’actuel directeur général par intérim devant une foule de travailleurs, n’ont toujours pas été concrétisés selon nos interlocuteurs. Cette situation accentue la frustration des quelque 6.000 travailleurs. Des tensions internes sont également signalées au sein de la direction, avec la suspension récente de deux cadres dirigeants, révélant un climat managérial conflictuel. Les travailleurs semblent assister, depuis la mise à l’écart et l’incarcération de l’ancien Président-Directeur Général (P.-D.G.) en octobre 2024 et l’installation d’une nouvelle direction à la tête d’Al-Solb El-Hadjar, à la détérioration constante de la situation de l’entreprise sidérurgique à tous les niveaux. Pour les observateurs, le complexe sidérurgique d’El Hadjar, pilier de l’industrie sidérurgique algérienne, semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Il se trouve entre fragilité économique et contestation sociale. Des mesures urgentes et structurées s’imposent pour assurer la survie de l’entreprise et préserver les acquis sociaux des travailleurs. Loin d’un redressement attendu, estime-t-on de même source, l’usine fait face à des résultats industriels inquiétants marqués par une forte baisse de la production et une crise financière persistante.

B. Salah-Eddine

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