Et l’instruction du président?

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a finalement raison de se plaindre dernièrement de ce que certaines de ses orientations ne sont pas suivies et ses ordres non exécutés. Et pour cause ! Tout le monde se soutient du coup de gueule du président lors du Conseil des ministres du 20 mars dernier durant lequel il avait demandé à tous les responsables à quelque niveau que ce soit de ne pas user et abuser de la formule de  » suivant les orientations du Président » à tout bout de champ. Il avait surtout instruit les membres du gouvernement de descendre sur le terrain pour prendre en charge les préoccupations des citoyens au lieu d’abuser des réunions. On pensait alors qu’Aïmene Benabderrahmane allait lâcher ses ministres et leur donner la liberté d’aller s’enquérir de la vraie vie, conformément à la feuille de route du chef de l’Etat. Mais il semble que les mauvais réflexes ont la peau dure et que l’habitude chez nos ministres est vraiment une seconde nature ! Jugez-en : Depuis cette fameuse colère présidentielle, le Conseil des ministres est tenu à deux reprises en dix jours, à savoir le 22 et le 29 mars ! Pis, alors que le président Tebboune a demandé au gouvernement de réduire l’élaboration de projets de lois, au moins trois projets ont été examinés et adoptés ! Et pendant ce temps, pas un ministre n’est descendu sur le terrain dans aucune wilaya pour constater de visu le vécu des Algériens. Il est tout de même assez curieux de voir l’exécutif « oublier » les instructions du président de la République qui ne remontent pourtant qu’à quelques jours ! Question à un dinar symbolique : Qui va exécuter les ordres du président si son propre gouvernement traine les pieds ? Comment exiger de la rationalité et de la célérité à un Wali ou un autre responsable local quand les membres du gouvernement ne s’exécutent pas ? C’est assurément une situation incroyable. On comprend mieux désormais pourquoi le chef de l’État ne cesse de pointer les lenteurs et la bureaucratie dans la concrétisation de ses projets. Pourquoi donc le Premier ministre a convoqué deux réunions de son gouvernement en dix jours juste après la recommandation du président de la République ? Et pourquoi n’a-t-il pas envoyé ses ministres sur le terrain plutôt que de palabrer sur des projets de lois? Mystère et boule de gomme.