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Produits anesthésiants dentaires : Une pénurie paralysante

Les dysfonctionnements qui touchent de plein fouet les structures de la santé publique se suivent et ne se ressemblent pas. Les problèmes que rencontre ce secteur sinistré et déshumanisé à grande échelle n’en finissent pas. Plus grave encore, ils s’accumulent à l’ombre d’une déliquescence de la conscience professionnelle aux effets démoralisants et démobilisateurs. Une correspondance, adressée le 23 avril dernier par le Conseil national de l’ordre des médecins dentistes au président de la République, vient de dévoiler une fois encore les défaillances d’un système sanitaire toujours otage des forces de l’inertie. En un mot, cette corporation professionnelle a été contrainte, selon les propos contenus dans sa lettre de sollicitation, à s’en remettre directement au chef de l’Etat, l’appelant à intervenir personnellement pour régler un problème de pénurie de produits d’anesthésie dentaire. C’est n’est pas tant la démarche elle-même qui est kafkaïenne, c’est surtout la détresse exprimée par le président du Conseil national de l’ordre des médecins dentistes, qui s’est plaint d’avoir sollicité en vain le ministère de la Santé, qui reflète tout l’illogisme de la situation. Le docteur Mohamed Redha Dib avait-il besoin d’expliquer que ce médicament « est indispensable pour effectuer des opérations dentaires urgentes et ordinaires et son absence sur la scène nationale impacte négativement le fonctionnement des cliniques dentaires privées et publiques », en plus des « effets néfastes sur la santé publique » ? Quelles sont les causes, qui se profilent derrière cette pénurie ? A-t-elle été provoquée par des parties occultes ou est-elle tout simplement le résultat d’une imprévoyance ? Dans tous les cas, le docteur Mohamed Redha Dib est catégorique. Le manque de ce produit essentiel a poussé, selon lui, de nombreux cabinets dentaires à travers le pays, à cesser leur activité et «  forcé de nombreux médecins dentistes au chômage, alors qu’ils sont obligés de s’acquitter de leurs charges sociales et de leurs impôts ». Tentant de saisir le fond de la « jarre », le Conseil national de l’ordre des médecins dentistes a imputé cette pénurie « à l’arrêt de l’importation. Mais est-ce la seule cause ? Tout en prévenant que « cette pénurie peut aussi avoir de graves conséquences sur le développement des maladies à long terme, la même corporation rappelle que « les soins dentaires font partie des urgences médicales ». Il est à rappeler que début février, Ali Aoun avait alerté devant les députés sur le phénomène de détournement de médicaments des hôpitaux publics, particulièrement ceux fabriqués par Saidal. « Les premières investigations ont révélé que certains médicaments anticancéreux réceptionnés par les hôpitaux sont en rupture au niveau des services oncologie. En revanche, des cliniques privées qui n’importent pas et ne réceptionnent pas ces médicaments chez les distributeurs en disposaient. Nous avons découvert que ces cliniques exigeaient des médecins du secteur public qui effectuaient des vacations d’apporter avec eux des médicaments et du matériel. Nous avons des preuves », avait-il conclu.

Mohamed Mebarki

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