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Annaba / Alimentation en eau potable : Quatre heures par semaine !

C’est le branle-bas de combat au sein des autorités de la wilaya d’Annaba, et principalement celles du secteur de l’hydraulique, en raison des spectres d’une réelle crise en alimentation en eau potable, qui pointent déjà le nez, à deux mois de la saison des grandes chaleurs.

Toutes les estimations et analyses des experts en la matière ont abouti au même constat : Annaba fera face, dans les prochaines semaines, à une crise sans précédent en Alimentation en Eau Potable (AEP). Il ne s’agit pas d’une simple menace, mais d’une réalité qui se fait déjà sentir dans certains quartiers, où la tension sur l’eau potable s’intensifie de jour en jour.

Un programme de quatre heures par semaine, retenu

Selon des bruits de couloirs, une instruction ministérielle aurait incité les pouvoirs publics à adopter une programmation stricte en matière d’AEP des habitants de la wilaya. La raison : les barrages dont dépend la wilaya d’Annaba sont presque à sec. Ainsi, il se murmure qu’une alimentation à raison de quatre heures par semaine ait été retenue pour les habitants de certaines communes de la wilaya. Pour faire face à cette situation critique, nous apprenons de sources concordantes que les responsables du secteur vont se tourner vers les différents forages à débit qualifié d’important, à savoir une centaine environ, dont dispose la wilaya. Ces forages ont été aménagés dans les années 90, mais n’ont jamais été exploités. Seuls les équipements servant au pompage sont à rénover, précise-t-on de même source.

Gaspillage, réseaux défectueux et projets fantômes 

Ainsi, l’été s’annonce difficile en matière d’AEP pour Annaba, pourtant considérée comme l’une des rares wilayas du pays à être fortement arrosée. Toutefois, le gaspillage, les infrastructures défectueuses et les projets fantômes, ont longtemps caractérisé la Coquette. Il convient de noter que plus de 90 % de la pluviométrie se déverse directement dans la mer. La quatrième ville d’Algérie, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ne dispose pas de ressources hydriques sur son territoire. Elle dépend entièrement des wilayas voisines, en particulier celle d’El Tarf, qui possède deux grands barrages, Cheffia et Meksa, dont la mobilisation et le transfert se font sur plusieurs dizaines de kilomètres de conduites. Ceinturée par des zones humides, allant du lac Fetzara de Berrahal jusqu’à la zone marécageuse de Boukhmira du quartier de Sidi Salem, Annaba ne dispose théoriquement que des forages jamais exploités et de certaines retenues collinaires de faible capacité. Le projet de réalisation d’un barrage à Henkouche, Chetaïbi, d’une capacité de 34 millions de mètres cubes devant permettre la réhabilitation de plus de 20.000 hectares de terres agricoles, dont 4.000 pour le lac Fetzara, et répondre aux besoins de la population de la wilaya, en est un exemple. Celui de la commune d’El Eulma, annoncé dans les années 2000 en grande pompe, est quant à lui, mort-né, à la grande déception des agriculteurs. Seul le barrage de Bouguentas, conçu principalement pour protéger les zones basses de la ville contre les inondations, est actuellement en voie de réalisation. Les différents autres projets de barrages retenus pour la wilaya d’Annaba, toujours en hibernation, ont suscité moult interrogations chez les habitants. Notons que ces projets hydriques représentent un axe important de la stratégie de mobilisation des ressources en eau de surface. Il est question des oueds Qais, El Aneb, et du barrage de Henkouche, destinés à répondre aux besoins de la population en eau potable ainsi qu’à ceux de l’agriculture et de cette industrie, qui semblent avoir été abandonnés. La Station d’épuration (Step) de Lallelick est à l’arrêt depuis plusieurs mois, à la grande stupéfaction de la population et surtout des défenseurs de la nature. Cette Step, troisième à l’échelle nationale de par ses capacités, doit assurer la dépollution et le recyclage des ressources en eau non conventionnelles au bénéfice de l’agriculture et de l’industrie. En outre, l’arrêt des installations de la Step pour des raisons méconnues aurait principalement entraîné la catastrophe ayant éclaboussé, en mai dernier et pour la seconde année consécutive, l’embouchure de l’Ouest Seybouse et une partie du littoral annabi, plus précisément le rivage de Sidi Salem. La Step en question est défaillante à plus d’un titre. Selon l’Association Nationale pour la Protection de l’Environnement et la lutte contre la Pollution (ANPEP), dont le siège est basé à Annaba, les quelques mètres cubes traités, destinés à alimenter les retenues collinaires, sont largués dans l’Oued Seybouse. 

La station de dessalement de Koudiet Eddraouch, fin 2024 

Enfin, en ce qui concerne la station de dessalement d’eau de mer devant alimenter plusieurs wilayas, dont Annaba, à Koudiet Eddraouch (commune de Berrihane, à quarante kilomètres au sud-ouest d’El Tarf), il est peu probable qu’elle soit mise en exploitation dans un proche avenir. Le coup d’envoi des travaux de réalisation de cette station, initialement prévue dans la commune d’Echatt, a été donné en juin 2022 avant sa délocalisation vers Koudiet Eddraouch en raison de la pollution du rivage de la cité Sidi Salem. Sa livraison a été fixée à deux ans et quatre mois, ce qui signifie qu’elle sera réceptionnée à la fin de l’année 2024 ou au début de l’année 2025. Implantée sur onze hectares, cette station est appelée à produire 300.000 mètres cubes par jour et utilisera les technologies les plus modernes en termes d’économie d’énergie afin de réduire le coût de revient du mètre cube d’eau sur le marché local et mondial. Qualifié de l’un des plus grands projets d’importance stratégique pour l’Etat, ce projet, d’un coût de 300 millions dollars, s’inscrit dans le cadre du programme d’urgence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à réaliser cinq stations de dessalement d’eau de mer, le long du littoral algérien. 

B. Salah-Eddine

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