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Mila / Une liste de logements sociaux fait des remous : Tentative de suicide collective à Sidi Merouane

L’affichage de la liste provisoire d’attribution de 240 Logements Publics Locatifs (LPL) dans la commune de Sidi Merouane, à Mila, ne cesse de provoquer des remous parmi la population des recalés. Après les rassemblements de protestation qu’ils ont observés, les dimanche 14 et lundi 15 mai, devant le siège de la mairie, on a assisté hier, mardi 16 mai, à une protestation d’un autre genre : une tentative de suicide collective !

En effet, cinq postulants malheureux au logement, de jeunes pères de familles, ont grimpé sur le toit d’un bâtiment de trois étages et ont menacé de se suicider si leurs demandes de logements n’étaient pas satisfaites. Ils sont montés sur le toit de l’immeuble abritant les locaux commerciaux dits « du président ». Ils se sont mis torse nu, se sont automutilés avec des lames de cutters et ont allumé un feu sur le toit du bâtiment. Et comme ils ont emmené avec eux des bidons remplis d’essence, ils ont menacé de s’en asperger et de s’immoler par le feu. L’un des cinq a été évacué à l’hôpital de Grarem Gouga. Il avait des saignements abondants à cause des coupures qu’il s’est données dans le ventre. « Je suis père de famille et je n’ai qu’une seule chambre qui sert à tout. Comment se fait-il que des gens ayant des immeubles entiers pour eux seuls se soient retrouvés sur la liste des attributaires et moi non ? », a hurlé Nabil B. du haut de son perchoir à l’adresse de la cheffe de daïra et du commissaire de police présents sur les lieux. Les concernés seraient tous dans l’étroit, selon des entrecoupements réalisés par nos soins auprès de leurs parents. L’oncle paternel de l’un d’eux nous dira : « Le fils de mon frère est père d’une petite fille. Il n’a qu’une seule pièce qui sert de chambre à coucher, de cuisine et de salon. Il est dans une gêne aveugle. Et comme il gagne très peu de son travail de vendeur dans un magasin, il ne peut pas louer un appartement ; il est dans un vrai dilemme ». Les autres ne sont pas mieux lotis, non plus, selon nos informations. Dans une tentative de désamorcer cette « crise », la cheffe de daïra, Djamila Hassouni, s’est rendue dans les domiciles des concernés pour s’assurer, de visu, de leurs conditions de vie privée. Elle a, en outre, sollicité l’intervention de leurs parents et proches pour les ramener à de meilleurs sentiments, en promettant que tous les dossiers des postulants recalés seront réétudiés avec le plus grand soin, dans le cadre de l’opération de recours. Il est à souligner que la liste controversée rendue publique en date du mardi 9 mai contient beaucoup « d’injustices », selon les propos de Zayed Zouaghi, élu de Sidi Merouane à l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de Mila. Cet élu, approché par L’Est Républicain lors de la protestation du dimanche 14 mai a, en effet, qualifié ladite liste d’attributaires de « scandaleuse » et a souhaité « son annulation ». La cheffe de daïra a, pour sa part, qualifié la liste de « déséquilibrée », lors d’une entrevue accordée à notre journal, dimanche. Bref, parmi les irrégularités qui entachent cette opération, citons la présence, sur la liste, de nombreuses filles célibataires, de proches d’élus et de personnes qui ne sont pas dans le besoin à un logement. Signalons que le nombre de recours introduits à la daïra, jusqu’à avant-hier, lundi 15 mai, s’élevait à 500 recours ; ce qui rend, de facto, la liste caduque.

Kamel B.

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