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Usines de dessalement de l’eau de mer en projet : Eviter les errements du passé

Elle est certes révolue la période où l’Algérie était sur le point d’importer l’eau potable pour faire à la grave pénurie et subvenir aux besoins de sa population. Au milieu des années 2 000, et grâce à la hausse des prix du pétrole, qui avaient enregistré des records, le pays consacra des milliards dans le but d’améliorer sa situation hydrique, construire des barrages et des usines de dessalement de l’eau de mer, et réhabilitation des réseaux de distribution notamment dans les grandes villes. Dès 2005, les pouvoirs publics confièrent la gestion de l’eau et de l’assainissement à des firmes étrangères : Suez à Alger, Aguas de Barcelona, filiale de Suez à Oran, la société des eaux de Marseille à Constantine et le groupe allemand, Gelsenwasser à Annaba. En 2011, le contrat avec les Allemands fut résilié pour des raisons obscures. C’est dire que la question de l’eau a toujours été au centre des préoccupations, mais sans qu’elle ne soit définitivement réglée, du moins au niveau des agglomérations à forte concentration démographique. A Constantine, à titre d’exemple, il y’a eu une certaine amélioration mais elle est due en grande partie à l’apport exceptionnel du barrage de Béni Haroun. Car en matière de transfert du savoir-faire, les résultats sont diversement appréciés. Le problème des fuites d’eau potable est toujours posé avec acuité. Même topo pour les autres villes. Avec l’aggravation du stress hydrique, la situation demeure insoutenable pour des millions d’Algériens. Lors de son passage hier à l’émission « L’invité de la rédaction » de la chaîne III de la radio nationale, le directeur général de l’agence intégrée des ressources en eau n’a pas manqué d’évoquer le stress hydrique. « Depuis quatre ans, nos barrages qui ont une capacité entre 8 milliards de m3 et 10 milliards de m3 n’ont pas pu cumuler moins que la moitié. Ce qui veut dire que le déficit continue de s’accentuer », a-t-il indiqué, non sans rassurer en même temps qu’en ce qui concerne la période estivale, « les quantités disponibles sont maîtrisées et peuvent subvenir aux besoins des citoyens pendant cette période ». Selon lui, la solution réside dans le dessalement de l’eau de mer, qui est devenue incontournable, d’après ses propos. « Le besoin national en eau potable est estimé à 3,4 milliards de m3, qui est une quantité déjà assurée. Si l’on ajoute les 1,5 milliard de mpar jour produits par les 5 stations de dessalement de l’eau de mer qui vont être lancées d’ici la fin de l’année 2024, nous allons pouvoir couvrir la totalité des besoins des citoyens en eau potable », a-t-il indiqué. En février dernier, le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures avait parlé de 6 stations de dessalement dont les travaux de réalisation seront lancés en 2025. Lakhdar Rekhroukh avait estimé que d’ici 2030, le taux d’eau potable généré du dessalement « atteindra 60% des besoins nationaux », alors qu’il est actuellement à 18%. Quoi qu’il en soit, le programme est ambitieux, et pourrait offrir à l’Algérie le moyen de sécuriser l’approvisionnement en eau de sa population. Cependant, faut-il d’abord tirer les leçons des problèmes qu’a connus la méga usine d’Al Magtaâ près d’Oran. Inaugurée en 2014 par Abdelmalek Sellal, alors ministre des ressources en eaux, pour produire 500 000 m3 par jour, le projet qui a englouti près de 500 millions de dollars fut un échec, dans la mesure où l’usine ne fonctionna jamais à plein régime ! De l’argent dilapidé et une défaillance flagrante de la société singapourienne.

Mohamed Mebarki

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