« Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres » ! Une réplique magistrale que l’histoire récente de l’Algérie a inscrite au fronton de l’édifice monumental édifié par la lutte des Algériens pour la liberté. Elle fut lancée à la veille du 19 mai 1956 par l’Union générale des étudiants musulmans algériens appelant cette catégorie à rallier l’ALN. L’appel fut entendu par des dizaines de lycéens et d’étudiants, dont l’apport qualitatif impacta positivement le cours de la guerre de libération nationale. La thèse défendue par la France coloniale prétendant que la révolution de novembre 1954 était une simple rébellion menée par des brigands et des bandits fut démentie lorsque sous l’impulsion des cadres de l’UGEMA, Mohamed Seddik Benyahia, Reda Malek, Djamel Houhou, M’hamed Yazid, Belaïd Abdeslam et tant d’autres membres, qui ont occupé par la suite des postes politiques importants au sein de l’Etat algérien. Ces derniers avaient réussi à convaincre les Algériens les mieux instruits à peser de tout leur poids dans l’action politique et médiatique en faveur de la révolution. L’engagement spectaculaire de la matière grise dans la lutte contraria fortement la propagande coloniale. L’Algérie, qui vient de célébrer hier vendredi le 67ème anniversaire de l’appel lancé par l’UGEMA aux lycéens et aux étudiants afin qu’ils désertent les bancs de l’université et des écoles pour rallier l’ALN, se trouve aujourd’hui à un important tournant. Puisqu’elle vient d’engager une profonde réforme de l’enseignement supérieur et l’éducation nationale. Lors d’une intervention à l’émission « L’invité de la rédaction » de la chaîne III de la radio nationale, le Professeur Rachid Belhadj, président du Syndicat national des professeurs et chercheurs universitaires, et directeur des activités médicales et paramédicales à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger, a plaidé pour le « renforcement de la qualité de la formation universitaire et l’émergence d’une élite d’innovateurs pouvant aider à moderniser le pays », dans le cadre d’une mutation « vers l’excellence, la créativité et l’innovation ». En plus de la révision des statuts et des salaires, le professeur a insisté pour que l’Etat mette un terme à la fuite massive des diplômés, en réorganisant les sciences médicales pour arrêter la saignée. « L’Urgence est de développer des mécanismes pour retenir la compétence en Algérie », que les étrangers pillent à l’image de la France qui organise chaque année un concours pour nous prendre 1200 médecins spécialistes qui vont renforcer son système de santé », a-t-il souligné. Dans le message qu’il a adressé à la communauté universitaire, à l’occasion du 19 mai 1956, journée nationale de l’étudiant, Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’importance de cette date historique. « Vous n’êtes pas sans savoir que les grands pas que nous avions franchis pour que l’Algérie renoue avec son lustre sur la scène internationale, étaient d’autant plus importants que nous ne voulions pas qu’elle renonce à son rôle pivot, et que nous veillions à préserver sa position méritée dans les équilibres géopolitiques aux niveaux régional et international », a écrit le président de la République. « Vous constituez, vous étudiants aux côtés des jeunes algériens engagés dans des activités bénévoles et associatives, et de ceux activant sous la bannière d’institutions nationales constitutionnelles, la source vive de l’Algérie d’aujourd’hui, une Algérie forte de votre prise de conscience, de votre engagement national, de vos capacités créatives et innovantes et de vos succès en termes d’acquisition des connaissances scientifiques et de maitrise des technologies modernes », a-t-il mis en évidence.
Mohamed Mebarki
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