Dans le cadre de son programme dédié au mois du patrimoine, l’Institut Français d’Algérie à Annaba (IFA) a accueilli un concert des « Héritières », en hommage à l’icône du raï algérien, la « mamie du raï », Cheikha Remitti, avant-hier, samedi 20 mai. Le patrimoine va bien au-delà des monuments en pierre, de l’architecture, de la gastronomie ou même des costumes traditionnels. Il représente avant tout un héritage moral, un mode de vie, des coutumes et des traditions qui se transmettent subtilement à travers les contes, les récits, l’histoire, et souvent, la musique et le chant. C’est précisément le cas de Cheikha Remitti, dont l’œuvre de toute une vie est désormais intégrée au patrimoine culturel et moral de l’Algérie. Son influence musicale a façonné le monde du raï et de la chanson populaire dans une partie de l’Afrique du Nord, telle que la Tunisie et le Maroc. Cheikha Remitti, de son vrai nom Sadia Bedief, est née le 8 mai 1923 à Tessala, près de Sidi-Bel-Abbès, en Algérie. Célèbre musicienne et chanteuse de raï algérienne, elle jouait un rôle majeur, tant sur le plan féminin que féministe, dans l’histoire de la musique en Afrique du Nord. Elle est décédée le 15 mai 2006 à Paris. Elle a composé plus de 200 chansons, formant un véritable répertoire qui a inspiré d’autres grands noms du raï, tels que Cheb Khaled, Cheb Mami et Rachid Taha. De son vivant, Remitti avait déjà fait du raï un genre musical propre à l’Algérie, le transformant ainsi en un héritage culturel et moral étudié et objet de thèses universitaires, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Il n’est donc pas étonnant que les meilleures chanteuses de raï algériennes et tunisiennes se soient réunies en groupe pour rendre hommage à l’héritage de Remitti. En effet, les célèbres chanteuses de raï algériennes Souad Asla, Samira Brahmia et Cheikha Hadjla, accompagnées de la non moins célèbre chanteuse tunisienne Nawel Ben Kraïem, ont formé un groupe dans le cadre d’une tournée organisée par les IFA. L’objectif était de se faire plaisir en reprenant le répertoire de Remitti et de faire redécouvrir au public algérien les plus grands succès de la « mamie du raï », le tout dans une ambiance sonore agréable et en partageant l’un des héritages les plus populaires de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Nord. Lors de cet événement majeur du mois du patrimoine, « Les Héritières » n’ont pas hésité à inviter le public à danser et chanter avec elles. Il s’agissait d’un véritable spectacle vivant, sincère et joyeux en hommage à la plus grande chanteuse de raï que ce pays ait jamais connue, Cheikha Remitti, et à son héritage. Car, si l’on y réfléchit, plus que ses héritières, Souad Asla, Samira Brahmia, Cheikha Hadjla et Nawel Ben Kraïem sont elles-mêmes l’héritage de Remitti. Un héritage qu’elles porteront et transmettront à leur tour, avant de rejoindre la mémoire collective du patrimoine immatériel de l’Algérie, de l’Afrique du Nord et du monde
Soufiane Sadouki
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