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Conférence maghrébine des ordres médicaux à Annaba : « Faire de la médecine, pas de la politique »

« Faire de la médecine, pas de la politique », ce sont les mots prononcés par le Dr. Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre national des médecins. Cette phrase résume les objectifs et les espoirs de la rencontre intitulée « Maghreb uni, santé pour tous », organisée par le Conseil de l’ordre régional d’Annaba, présidé par le Pr. Abdelaziz Ayadi avant-hier, jeudi 25 mai, à l’hôtel Sabri. Cette 18ème édition de la Conférence internationale des ordres médicaux de la région d’Annaba se distingue particulièrement des 17 précédentes en incluant la troisième édition de la Conférence maghrébine des ordres médicaux dans son programme. Notons également la participation de plusieurs pays du grand Maghreb, notamment le royaume du Maroc, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye. La notion de « grand Maghreb » est mise à rude épreuve en raison de la situation géopolitique de l’Afrique du Nord. Cependant, comme l’a si bien dit Dr. Berkani, il est primordial de se concentrer sur la médecine plutôt que sur la politique. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le Pr. Ayadi, président du Conseil de l’ordre régional d’Annaba, a insisté pour que la wilaya accueille la troisième édition de la Conférence maghrébine. L’objectif est de faciliter l’accès aux représentants des ordres médicaux de Tunisie et du royaume du Maroc, qui sont arrivés via la Tunisie. L’objectif d’un médecin est de sanctifier la vie humaine, peu importe l’identité, la nationalité, l’apparence ou le genre du patient. « Tous les pays sont présents, comme vous pouvez le constater, à la troisième conférence de l’Ordre médical maghrébin. À l’origine, nous avons discuté en 2014 en Tunisie et au Maroc de la création de l’Ordre maghrébin. Certes, il existe celui des médecins arabes, mais nous avions besoin d’un Ordre maghrébin pour être tous ensemble. Le 24 décembre 2022, nous avons créé l’acte de naissance de l’Ordre médical maghrébin en Tunisie. Peu après, nous avons tenu une deuxième réunion à Rabat, au Maroc, avec notre ami Dr. Boubekri, où nous avons réalisé des progrès positifs. Aujourd’hui, nous sommes à Annaba pour avancer. Nous souffrons de l’exode des médecins et de nos patients qui se font soigner en Turquie, en France et ailleurs. Nous tenons à ce dialogue entre professionnels des pays du grand Maghreb afin de permettre une libre circulation des médecins et des patients dans la région. Nous partageons la même médecine, la même religion, la même alimentation, et cela revient moins cher pour nos patients que de partir à l’étranger », explique Pr. Ayadi. Dans le cadre de cette rencontre inédite, les représentants des ordres médicaux des pays participants ont abordé et discuté plusieurs points concernant la circulation des médecins et des patients dans les pays maghrébins. Parmi ces points figuraient le permis d’exercice pour les médecins étrangers en Libye et dans plusieurs pays, ainsi que les difficultés rencontrées par les professionnels de la santé pour exercer entre les pays du Maghreb. Le suivi des patients, l’assurance des patients dans ces pays et la transmission des dossiers entre professionnels ont également été abordés. Autant de difficultés et d’obstacles, auxquels les participants de cette conférence cherchent des solutions à travers la création de la Conférence maghrébine des ordres médicaux en 2022 et les rencontres entre professionnels de la santé, malgré les défis actuels. Toutefois, l’ensemble des ordres des pays du Maghreb font face à un véritable Goliath : l’immigration des médecins. Rien qu’en Algérie, on compte 16.000 médecins qui exercent en France. Les autres pays déclarent certes moins de médecins à l’étranger, mais ils ne se portent pas mieux. Ces données, combinées au nombre de patients s’endettant pour se faire soigner à l’étranger, sont l’une des raisons pour lesquelles les médecins et les professionnels de la santé des pays du Maghreb s’unissent aujourd’hui à Tunis, Rabat et récemment à Annaba. Ils cherchent à favoriser les échanges, le partage et la coopération dans le but de sauver des vies humaines.

Soufiane Sadouki

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