Bien qu’ils soient idéologiquement sur la même longueur d’onde, les islamistes algériens qui prêchent « la fraternité » à tout va et sur toutes les tribunes, ont rarement fait cause commune. Tel est le constat implacable d’une mouvance qui use et abuse de la religion comme un fond de commerce politique. Il y a quelques jours, le mouvement El Binaa de Abdelkader Bengrina lançait l’idée d’un « front interne » pour, théoriquement faire face aux menaces externes qui guettent le pays au regard des gesticulations makhzeniennes adossées à l’intrusion de l’entité sioniste dans la géopolitique maghrébine. L’idée en elle même est magnifique. N’importe quel algérien patriote et jaloux de l’indépendance de son pays est censé adhérer à ce dessein. La première rencontre entre le promoteur de cette idée, Abdelkader Bengrina et ses invités s’était plus au moins bien passée. Tout le monde était naturellement d’accord d’apporter sa pierre pour ériger ce fameux front interne qui rendrait l’Algérie hermétique à toute « invasion » qu’elle que soit sa forme. Bengrina à même pu attirer le MSP qui est la maison mère de son mouvement. A la bonne heure ! Pas pour longtemps puisque la formation dirigée par Abdelali Hassani a décidé de mettre fin brusquement à sa collaboration avec Bengrina. Motif ? Le mouvement islamiste trouve que son » fils légitime » El Binaa, verse dans des généralités qui ne volent pas très haut en terme de stratégie politique. Abderrahmane Saidi, l’un des cadres du MSP, estime ainsi que l’initiative du parti de Bengrina ne propose « aucune perspective » et qu’elle pêche par l’absence de clarté dans ses objectifs et son contenu. C’est là un désaveu clair et net pour le mouvement El Binaa, qui s’avère incapable de construire y compris avec ceux qui sont supposés être ses alliés idéologiques au moins. En creux, le MSP reproche même à Bengrina de vouloir se servir de cette initiative comme un simple tremplin pour la présidentielle de 2024. Au MSP on pense qu’une initiative politique suppose au minimum une organisation du travail et une plateforme avec une approche claire. Autrement dit, El Binaa est implicitement accusé de faire dans la manipulation politicienne pour des objectifs qui ne sont pas forcément ceux proclamés publiquement. Du coup, les « frères » un temps alliés, ont décidé d’emprunter des routes différentes, en fonction de l’agenda de l’un et de l’autre. Des frères ennemis en fait comme on a l’habitude de les voir dans la galaxie éclatée des islamistes. Et c’est tant mieux d’ailleurs !
Par Imane B.
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