Pour gagner la sympathie de certains pays dans le monde, le Maroc recourt au chantage diplomatique. La chose était connue, mais rarement dite. L’ancien ambassadeur de France à Washington, le très médiatique Gérard Araud, vient en effet de confirmer qu’il subissait le diktat du Maroc au Nations-Unies avant le changement de la position américaine sur la question du Sahara occidental. L’été 2021 le Roi du Maroc, Mohamed 6, conditionnait l’établissement de relations normales entre son pays et d’autres nations dans le monde à la reconnaissance de la position de son pays dans l’affaire du Sahara Occidental. «(…) la question du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde, et c’est le critère clair et simple par lequel il mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats », disait-il. « En gros, c’est l’habituel chantage marocain sur le Sahara Occidental à la suite de la volte-face américaine alors que, pendant des décennies, la France a été seule pour défendre les intérêts marocains au Conseil de Sécurité », a en effet répliqué Gérard Araud sur son compte twitter à un internaute marocain qui a rappelé cette phrase de son souverain. A un internaute qui lui demande d’où il tenait cette conclusion, l’ambassadeur a été franc : « Ce n’est pas ma “conclusion”; c’est un fait. Après avoir combattu le Maroc sur ce sujet au Conseil de Sécurité pendant des décennies face à la France amie du Maroc, les États-Unis sous Trump ont changé de position à 180 degrés. ». Cette méthode du chantage est la marque de fabrique des autorités marocaines. Mais cela ne marche pas toujours. La preuve est que selon le même diplomate, même si la France a toujours adopté une position pro-marocaine dans le dossier du Sahara Occidental, elle ne l’a jamais assumé publiquement préférant s’en remettre aux résolutions des Nations-Unies qui énoncent clairement que la résolution de ce conflit doit se faire dans le cadre des Nations-Unies. Une position que suivent la majorité écrasante des pays membres de l’ONU, y compris ceux qui soutiennent le Royaume chérifien en coulisse. Cette révélation intervient quelques jours après des révélations fracassantes de l’écrivain marocain selon lesquelles le président français Emmanuel Macron aurait manqué de respect au Roi du Maroc lors d’une discussion au téléphone à propos de l’affaire Pegasus, de nom de ce logiciel utilisé par les services marocains pour écouter des personnalités, dont le chef de l’Etat français lui-même. Selon l’écrivain, le roi Mohamed VI a « donné sa parole d’honneur » à Emmanuel Macron qu’il n’y était pour rien, mais celui-ci ne l’a pas cru et lui a « manqué de respect ». Macron a dit à Mohamed VI « quelque chose que je ne peux pas dire ici », a assuré Ben Jelloun. En tous cas, le président français a été « très maladroit ». « Il a manqué de respect au roi et leur relation a été rompue ». Il dit tenir cela de « sources très sûres ».Ces scandales, ajoutés à celui de la corruption visant notamment des parlementaires européens, ternissent chaque jour davantage l’image d’un pays qui fut jusque-là comme l’enfant gâté des grandes puissances.
Akli Ouali
Partager :