Boukhemis Derbal est un dinandier qui a passé plus d’un demi-siècle dans l’artisanat du cuivre. Depuis 1966, année à laquelle il s’est lancé dans l’apprentissage du métier dans des ateliers constantinois, il ne cesse d’étonner son monde par son imagination et la qualité raffinée des objets qu’il fabrique. Il maîtrise si bien son métier que des présidents, des émirs et des ministres, de partout, le sollicitent pour leur tailler des portraits dans le malléable métal. Mieux, l’une de ses œuvres ciselée dans le cuivre est inscrite dans le livre Guinness des records. Il est également l’auteur de la gigantesque fresque murale qui orne l’esplanade d’Ain Sayyah, à Mila, entre une infinité d’autres objets. Le célèbre dinandier a reçu, tout récemment, L’Est Républicain dans son atelier à Sidi Merouane, commune du nord de la wilaya. Malgré ses 71 ans, Boukhemis Derbal (dit Hocine) continue son aventure avec le cuivre. Il se prépare actuellement au concours national de l’artisanat initié par le président de la République. « Je mets la dernière main à une curiosité pour le concours national de l’artisanat prévu en novembre 2023 », nous dira-t-il sans nous dévoiler, toutefois, la pièce qu’il compte présenter au challenge national. Evoquant les bustes qu’il a taillés pour des présidents et des émirs et qui demeurent un sujet de fierté pour lui, M. Derbal nous dira : « Le premier portrait sur cuivre qui m’a été demandé est celui du cheikh Zayed Al Nahyane, des Emirats arabes unis. C’était lors de ma participation à une foire internationale de ce pays du Golfe, en 2001 ». Et d’enchainer : « Après cette œuvre, j’ai honoré d’autres demandes de même type. J’ai fait des portraits pour l’émir de Dubaï, le président gabonais Omar Bongo et beaucoup de hauts cadres algériens, entre autres ». Dans ce sillage, notre interlocuteur ne s’empêchera de rappeler l’œuvre qui l’a porté à l’universalité : La Marmite de la Réconciliation Nationale. Un récipient de cuisine de taille géante qui a été porté sur le livre Guinness pour ses proportions inégalables. « C’est une marmite en cuivre rouge de 3,2 mètres de hauteur. Je l’ai fabriquée en 1999, dans le sillage de la politique nationale de réconciliation lancée par la présidence de la République à l’époque. La marmite se trouve actuellement exposée au Palais des Nations ». M. Derbal est aussi l’auteur d’une autre œuvre d’art, non moins impressionnante par sa taille : la fresque murale qui orne actuellement un flanc de la place publique d’Ain Sayyah, à Mila. « C’est un panneau en cuivre jaune de 88 mètres de long sur 2,80 mètres de large. La fresque retrace l’histoire de la vieille-ville de Mila depuis l’antiquité, jusqu’au début des années 2000 », a-t-il expliqué. Mais tout ne baigne pas dans l’huile pour l’artisan. Actuellement président de la Chambre de l’Artisanat et des Métiers (CAM) de la wilaya de Mila, Boukhemis Derbal dit que l’artisanat, notamment la dinanderie, traverse une période difficile. La crise sanitaire du coronavirus, l’érosion du pouvoir d’achat, la cherté de la matière première et l’inexistence des commandes de la part de l’administration locale sont quelques-uns des facteurs qui pénalisent, présentement, la corporation des artisans. « Les beaux jours de la dinanderie sont en déclin. La main d’œuvre qualifiée se fait rare et chère, le coût de la matière première est trop élevé et les commandes sont de plus en plus rares. En plus, la pandémie a eu de sérieuses incidences sur les opérations d’importation de la matière première et réduit à néant les déplacements des professionnels aux foires et salons internationaux. C’est la récession ». Le président de la CAM dénonce, par ailleurs, la concurrence déloyale des articles de dinanderie importés et appelle, en guise de dernier mot, les autorités à intervenir pour influer sur les prix de la matière première.
K. B.
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