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Sahara occidental : Madrid va-t-elle changer de cap ?

L’Espagne de Pedro Sanchez, qui a démontré qu’il n’y a plus de positions de principe immuables conformément aux vieilles traditions diplomatiques basées sur la défense des droits humains avant toute autre considération, est en train de changer de cap, à la lumière des résultats des élections législatives tenues hier. Au pouvoir depuis 2018, le Premier Ministre espagnol en exercice, qui n’a pas résisté à l’odieux chantage exercé sur lui par le Makhzen, est en passe de céder sa place au leader de la droite conservatrice. Tous les sondages publiés hier en milieu de journée ont indiqué qu’il est en mauvaise posture, sauf coup de théâtre de dernière minute. Son rival, Alberto Feijoo a déjà exprimé en avril dernier à la télévision qu’il souhaiterait retrouver un équilibre entre l’Algérie, le peuple sahraoui, le Maroc et l’Espagne. A propos de l’accord « secret » signé par Pedro Sanchez avec le Maroc, le leader de la droite conservatrice s’est longuement interrogé sur son contenu. « Nous, Espagnols, avons le droit de savoir ce qu’il contient ! », a-t-il asséné. Il est à rappeler qu’en Espagne, les formations politiques ignorent jusqu’à présent ce qui a été convenu entre Mohamed VI et Pedro Sanchez, pour que ce dernier opère un revirement à 360 degrés par rapport à la question du Sahara occidental. Faisant preuve d’une inconstance inouïe, qui ne fait pas honneur à un Etat prétendant respecter les fondements de la démocratie, quelle que soit la contrée où ils sont implantés, l’Espagne de Pedro Sanchez avait trahi ses propres convictions, en s’alignant sur le plan d’autonomie prôné par le Maroc, laissant le soin au Makhzen de l’annonce sur le ton de la victoire. Deux mois avant le retournement spectaculaire, le ministre espagnol des affaires étrangères n’avait pas hésité à réitérer le soutien de son pays au plan onusien de règlement de ce conflit. Cet acte est une « deuxième trahison historique du peuple sahraoui par  Madrid après le funeste accord de 1975 », avait réagi hier une source algérienne proche du dossier. La première trahison a eu lieu le 14 novembre 1975 à Madrid, lorsque l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie avaient signé un accord de partition du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie. En abandonnant sa neutralité, l’Espagne de Pedro Sanchez avait poussé l’Algérie à revoir sa politique envers Madrid, en procédant à la suspension de ses relations commerciales avec ce pays. L’Espagne a essayé d’impliquer l’UE afin qu’elle intervienne en sa faveur, mais en vain. L’Algérie est demeurée inflexible. Toutes les médiations, qui ont parfois ressemblé à une sorte de pression « amicale » ont échoué devant l’intransigeance de l’Algérie. Aujourd’hui à l’aune d’une défaite électorale de Pedro Sanchez, tout porte à croire que l’Espagne va tout faire pour renouer le contact avec l’Algérie. Il y va de ses intérêts économiques. Alors, tout porte à croire que les données vont changer dans un sens qui ne sera plus profitable au Makhzen.

Mohamed Mebarki

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