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Ultime hommage au premier janviériste : Khaled Nezzar inhumé à El Alia

Après des mois de lutte contre la maladie, le Général-Major à la retraite, Khaled Nezzar, est décédé vendredi, en fin d’après-midi, à son domicile à Alger, à l’âge de 86 ans. L’enterrement a eu lieu au cimetière d’El-Alia en présence du Premier ministre, Nadir Larbaoui, du chef d’Etat-major de l’Armée Nationale Populaire (ANP), Said Chanegriha, et d’autres personnalités. Dans son message de condoléances, le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé que le défunt « fut une éminente personnalité militaire ayant voué sa vie, pleine de sacrifices et de dévouement, au service de la patrie, à partir des différents postes et responsabilités qu’il a occupés ». Il était notamment Chef d’État-Major de l’Armée de 1988 à 1990, puis ministre de la Défense nationale de 1990 à 1993 et surtout membre du Haut Comité d’État (HCE), qui avait géré l’État après la démission du président Chadli Bendjedid en 1991, jusqu’à l’accession de Liamine Zeroual à la tête de l’État en décembre 1994. Depuis, le Général Nezzar a entamé une nouvelle carrière : celle d’un homme d’affaires travaillant notamment dans le domaine des télécoms, mais aussi et surtout celle d’un ancien chef de l’armée défendant l’honneur d’une institution militaire attaquée de toute part. Depuis le débat des années 2000, le courant « qui -tue-quiste », qui doute de l’origine des assassinats des années 1990, monte au créneau et désigne l’armée, plus particulièrement Khaled Nezzar, derrière ce drame. Dans le silence quasi général de la classe politique, à l’exception de quelques hommes politiques, le Général s’est dressé contre tous pour défendre l’institution militaire contre ces attaques, venues d’anciens militaires en fuite ou encore d’anciens militants islamistes. Ces procès ne sont que « le fait de ceux qui n’ont pas pardonné » à Khaled Nezzar « l’arrêt du processus électoral de 1992 », accuse Khaled Bourayou, un avocat qui a défendu l’ancien ministre de la Défense, lors d’un précédent procès tenu à Paris en 2002. En plus des tribunaux, Khaled Nezzar a été le militaire le plus prolifique de sa génération. Il a écrit plusieurs ouvrages, essentiellement des mémoires, qui ont retracé sa carrière depuis qu’il a rejoint, en 1957, les rangs de l’Armée de Libération Nationale (ALN) alors qu’il était élève dans une école de guerre française, jusqu’à sa démission de l’armée. Il a justifié sa participation à l’arrêt du processus électoral de janvier 1992 par le recours des dirigeants du parti du Front Islamique du Salut (FIS), dissout, à la violence. Puis, il a même expliqué pourquoi il avait fait pression sur le président de l’époque, Chadli Bendjedid : « J’avais dit au président que si les politiques n’étaient pas capables d’assumer leur responsabilité, l’armée le fera », avait-il indiqué, lors d’une intervention médiatique. Il y fait référence au climat insurrectionnel existant dans le pays à l’époque, alors que l’État avait donné l’impression d’être impuissant. La veille de sa mort, la justice suisse avait fixé les dates de son procès après le dépôt d’une plainte de l’association « Trial ». Dans une réaction à cette plainte, le gouvernement algérien avait averti les autorités helvétiques : « L’indépendance de la justice ne justifie ni l’irresponsabilité, ni qu’un système judiciaire, quel qu’il soit, s’arroge le droit absolu pour juger des politiques d’un État souverain et indépendant », avait réagi le ministère des Affaires étrangères. Mais in fine, le procès n’aura jamais lieu.

Akli Ouali

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