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Pr Merzak Gharnaout, président de la Société Algérienne de Pneumologie à l’Est Républicain : « On s’est alignés aux normes internationales »

Rencontré en marge d’une journée régionale dédiée à la tuberculose, le Pr Merzak Ghernaout, doyen de la faculté de médecine d’Alger 1 et président de la Société Algérienne de Pneumologie (SAP), a aimablement accepté de répondre à nos questions tout en mettant l’accent sur l’importance de la formation médicale continue et l’expansion de la SAP à travers tout le pays en adoptant le système de coordinations de wilayas.

L’Est Républicain : Voulez-vous nous présenter votre nouvelle société savante ?

 » La Société Algérienne de Pneumologie est une nouvelle société savante créée en février dernier. Elle regroupe l’ensemble des praticiens, y compris les hospitalo-universitaires, les spécialistes de la santé publique, les médecins libéraux ainsi que les médecins généralistes. Toutes les régions et les wilayas y sont représentées, mieux encore, chaque wilaya a son bureau présidé par un coordinateur de la SAP. Je tiens à préciser qu’auparavant, nous avions la Société Algérienne de Pneumo-Phtisiologie (SAPP). Nous nous sommes alignés aux normes internationales. Les membres de l’ancien bureau font maintenant partie de l’actuelle association. L’Ex-président de la SAPP, en l’occurrence le Pr Salim Nafti, est, faut-il le souligner, président d’honneur de la SAP. Notre objectif est de donner à cette association tous les titres de noblesse qu’elle mérite. D’autres spécialistes, tels que les radiologues et les anatomopathologistes, participent à l’évolution de la SAP. Nous avons entamé un travail de formation approfondi. Nous sillonnons tout le pays pour assurer une formation médicale continue et encourager les initiatives des coordinateurs de wilayas. « 

Qu’en est-il de la rencontre que vous avez présidée à Alger concernant les recommandations sur les infections respiratoires aiguës ?

 » Tout à fait ! Il y a une dizaine de jours, nous avons organisé une rencontre concernant les Infections Respiratoires Aiguës (IRA). Nous avons d’autres projets en collaboration avec le ministère de la Santé, notamment la rédaction d’un ensemble de textes de recommandations qui auront une force obligatoire. De plus, nous travaillons à l’échelle internationale avec des sociétés savantes à travers le monde pour hisser le niveau de notre discipline. Grâce au dynamisme des jeunes membres de la SAP, nous sommes très optimistes quant à l’avenir de la pneumologie en Algérie. La réunion a regroupé tous les acteurs de la pneumologie à l’échelle nationale, ainsi que d’autres spécialistes tels que les microbiologistes et les infectiologues. Nous nous sommes basés sur les dernières recommandations ainsi que sur les médicaments disponibles en Algérie. Le guide élaboré est applicable à tous les praticiens, qu’ils soient pneumologues ou généralistes. Nous avons discuté de la prévalence, de la mortalité, des diagnostics cliniques et radiologiques des infections respiratoires aiguës, ainsi que de leur prise en charge, en mettant particulièrement l’accent sur les problématiques de résistance aux traitements. Il est effectivement important de noter que de nombreux patients ont développé des résistances aux antibiotiques, en particulier après la période de la Covid-19, où beaucoup d’entre eux ont eu recours à l’automédication, sans l’avis d’un professionnel de la santé, ce qui a entraîné une résistance à certains antibiotiques. Cette situation souligne l’importance de l’interdisciplinarité dans tout travail concernant le patient, où toutes les spécialistes doivent se concerter. « 

Quelles sont les grandes lignes de votre programme durant l’actuel mandat ?

 » Les objectifs tracés sont exprimés dans le programme qui s’étale sur la durée du mandat actuel de trois ans. Il s’agit de journées de formation médicale continue, de congrès et d’élaboration de revues scientifiques, notamment la Revue Algérienne de Pneumologie, que les spécialistes, étudiants et lecteurs peuvent consulter sur le site du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, ainsi que le bulletin périodique de la société. Nous comptons également rendre public le guide des IRA avant la fin de l’année en cours, ainsi que d’autres recommandations relatives à différentes pathologies. Notre congrès national se tiendra les 24 et 25 novembre prochains. « 

Quelles sont les maladies pneumologiques les plus répandues et qui vous inquiètent le plus et qu’en est-il des médicaments pour traiter ces pathologies ?

 » Actuellement, on retrouve les infections respiratoires chroniques, à savoir l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), ainsi que les infections respiratoires aiguës, le cancer bronchique et les pneumopathies interstitielles diffuses. Il est important de souligner que lorsque l’on parle d’asthme, il s’agit spécifiquement d’asthme sévère, qui représente une entité particulière où la médecine de précision en pneumologie joue un rôle essentiel. Dans les prochaines années, cette spécialité connaîtra une amélioration qualitative significative en matière de prise en charge de ces pathologies. Les traitements actuels peuvent être considérés comme des traitements personnalisés (ou « à la carte »). Grâce à l’avènement de la biothérapie, nous nous efforçons d’aligner la prise en charge des patients sur les normes des pays leaders en la matière. Heureusement, nous disposons des ressources humaines nécessaires avec un personnel médical et paramédical compétent. Cependant, il reste encore des axes à développer. L’un de nos objectifs est de promouvoir l’endoscopie interventionnelle, qui est encore peu pratiquée dans de nombreux centres. Nous souhaitons généraliser cette technique à 100% dans toutes les structures hospitalières à l’échelle nationale. Il existe des médicaments disponibles pour traiter les maladies allergiques, mais malheureusement, l’immunothérapie n’a pas été disponible depuis près de cinq ans. Nous essayons activement de collaborer avec les autorités pour rendre disponibles les tests cutanés et l’immunothérapie. De plus, l’adrénaline auto-injectable fait également défaut en Algérie, ce qui est une lacune dans la prise en charge des patients. Cependant, malgré ces défis, nous assurons actuellement une prise en charge satisfaisante à environ 90% des patients atteints d’affections respiratoires. Pour continuer à progresser, nous souhaitons développer d’autres axes, notamment la pneumologie interventionnelle. En investissant dans ce domaine, nous pourrons atteindre le même niveau que les autres pays développés. Il est primordial de concentrer nos efforts sur l’asthme bronchique, la BPCO et le cancer bronchique. Nos efforts doivent être axés sur ces trois pathologies. « 

Faouzi Senoussaoui

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