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Il courtise une nouvelle fois l’Algérie : Le discours anachronique de Mohamed VI

Pour la deuxième année consécutive, le Roi du Maroc, Mohamed VI, courtise l’Algérie. A l’occasion d’un discours, prononcé lors de la célébration des 24 ans de son arrivée au Trône, il a une nouvelle fois tendu la main à l’Algérie et fait abstraction de la réalité. Une élocution monotone, prononcée hier dimanche par le souverain marocain, qui estime que les relations de son pays avec l’Algérie étaient « stables ». « Nous prions le Très-Haut pour un retour à la normale et la réouverture des frontières entre nos deux pays voisins et nos deux peuples frères », a-t-il indiqué. Bizarrement, il a tenu à rassurer l’Algérie sur les « bonnes intentions » de son pays, dont les dirigeants ne ratent presque jamais l’occasion de cracher leur venin sur notre pays. « Nous rassurons nos frères en Algérie, leur direction et leur peuple qu’ils n’auront jamais à craindre de malveillance de la part du Maroc », a assuré Mohammed VI. Le souverain marocain continue d’appeler chaque année au rapprochement entre les deux pays voisins. « Nous leur confirmons aussi tout le prix que nous attachons aux liens d’affection et d’amitié, aux échanges et aux interactions entre nos deux peuples », a-t-il insisté. Le discours du roi du Maroc n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, il supplie l’Algérie d’ouvrir les frontières, fermées entre nos deux pays depuis 1994. L’appel est ressassé chaque année, malgré une coupure des relations bilatérales depuis août 2021 à l’initiative de l’Algérie qui avait évoqué des « actes hostiles ». Des actes auxquels le souverain marocain n’a jamais donné de réponses, ni d’explications même lorsque des responsables officiels de son gouvernement s’attaquent ouvertement à l’Algérie. Pourtant, depuis de longues années, Mohamed VI a continué d’assurer que les actes hostiles « ne venaient » pas « de l’Etat marocain », même si ceux-ci venaient de partis politiques, y compris le plus important d’entre eux, à savoir le Front de la Justice et développement (FJD), qui a réclamé des parties du sud algérien. Jusque-là, le discours se limitait à certains hurluberlus; mais il a fini par gagner en importance dans la classe politique et même dans certains médias proches du Makhzen, le système politico-économique qui gouverne le pays. Mais il y a pire, depuis plusieurs mois, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU fait régulièrement des interventions publiques, appelant à la partition de l’Algérie, en inventant, notamment, un problème en Kabylie. Comment peut-on concevoir qu’un haut fonctionnaire de l’état, diplomate de surcroit, puisse s’exprimer de son propre chef, sans passer par sa hiérarchie ? Cela n’aurait jamais été possible sans une injonction du gouvernement marocain. La preuve est que ce discours perdure et n’a pas changé d’un iota. Alors, soit Mohamed VI prêche dans le désert, lui qui est absent des affaires de son pays depuis de très longs mois, soit il s’agit d’un partage des rôles, avec d’un côté un Makhzen méchant et de l’autre un roi bienveillant. Dans les deux cas, le discours du Roi du Maroc est en décalage avec la réalité. Appeler à une « fraternité » ou à une « ouverture des frontières » entre l’Algérie et le Maroc est surréaliste. Sur le terrain et face à l’Algérie, qui s’est contentée de rompre ses relations diplomatiques avec son voisin de l’Ouest, le Maroc multiplie les actes d’hostilité. Il s’est allié avec Israël, pays ennemi de l’Algérie, dans le but de créer des problèmes au « grand frère » de l’est. Le dernier acte de provocation en date est la révélation, faite par des médias marocains, d’un accord signé avec l’Etat hébreu, pour la production de drones et l’achat d’avions, afin « de faire face à la supériorité aérienne » des pays voisins. Pourtant, le Maroc ne possède de frontières terrestres qu’avec deux pays, l’Algérie et le Sahara Occidental. Contre qui s’arme-t-il donc ? Sans oublier les milliers de tonnes de drogues, de toutes sortes, illégalement acheminées via nos frontières occidentales. Pour sa part, l’Algérie est au centre d’un environnement hostile, sur plus de 6000 Kilomètres de frontières, qu’elle partage avec six pays, tous instables, exception faite du Maroc et de la Tunisie.. A qui parle donc Mohamed VI ? A lui-même peut-être.

Akli Ouali

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