Hospitalisés, lui et sa mère, depuis deux semaines, au CHU Benbadis de Constantine, à la suite d’une intoxication alimentaire, un jeune homme de 22 ans est décédé hier. L’association de protection des consommateurs, Himayatec, qui rapporte l’information, confirme qu’il s’agit de cas de botulisme (une sévère intoxication) et indique sur sa page Facebook que les deux victimes avaient consommé du thon en conserve avarié. L’association a affirmé que c’est la même conclusion à laquelle est arrivé l’Institut Pasteur d’Algérie, et qu’en conséquence, elle se réserve le droit de porteur l’affaire devant la justice. Selon Himayatec, le thon en boîtes de la marque Maratun consommé par les deux personnes (la mère et son fils), produit le 30 mai 2023 et dont l’expiration était prévue pour le 30 mai 2027 était « non conforme aux normes microbiologiques », d’après les résultats des prélèvements effectués par l’Institut Pasteur d’Algérie. Tout en rappelant que l’étude sur la toxicité du produit nécessite des analyses complémentaires de séro-neutralisation, Himayatec déconseille la consommation du thon en question, en attendant l’aval de l’IPA. Le 7 août dernier, la même association avait déjà suspecté des cas de botulisme en alertant l’opinion publique dans une première publication. Dans sa seconde publication, mis en ligne lundi, elle est passée au stade de la certitude. Ce qui vient de déclencher la riposte de la SARL qui conditionne le thon mis en cause. Cette dernière a rejeté en bloc les accusations portées par Himayatec, en affirmant de son côté, que les analyses effectuées par les services du ministère du Commerce et celui de la pêche et des ressources halieutiques ont toutes révélé que son produit était conforme aux normes. Elle a, en outre, indiqué que les analyses effectuées à son niveau, n’ont rien révélé de suspect et a promis la publication prochaine les résultats des prélèvements complémentaires, tout en dénonçant hier dans un communiqué, les « fausses informations », selon elle, rapportées par Himayatec. Entre les deux parties, la « guerre » est déclarée, après que la société de conditionnement ait décidé de contre-attaquer en annonçant qu’elle va engager des procédures judiciaires contre l’association. Sollicité par TSA, le président de l’association Himayatec, Mohamed Aissaoui, est resté sur sa position et a affirmé détenir des preuves de la présence de la bactérie provoquant le botulisme dans le thon consommé par le jeune homme. Il a par ailleurs maintenu ses accusations contre la SARL qu’il tient pour « responsable de la mort du jeune homme ». « La présence du botulisme dans le lot de thon consommé par le défunt et sa mère est prouvée par l’Institut Pasteur d’Algérie. Cela renseigne sur une défaillance flagrante dans le conditionnement du produit », a-t-il soutenu. Pour sa part, Mustapha Zebdi, président de l’association de protection et d’orientation des consommateurs a relayé sur la page Facebook de l’Apoce une correspondance du ministère du Commerce qui met en garde contre le lot de thon à la tomate de la marque Maratun, tout en soulignant que « jusqu’à présent , il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que la consommation du thon provenant du lot incriminé a une relation directe et avérée avec la mort du jeune homme à Constantine ». Mustapha Zebdi a estimé que « les prélèvements n’ont pas été effectués dans des conditions optimales qui permettent d’établir un lien entre le produit et le décès du patient ». « Le ministère du Commerce a décidé de faire des examens poussés pour prouver l’existence de la relation cause à effet concernant le lot de thon cité », a précisé le président de l’Apoce. En attendant, le ministère du Commerce a rendu publique une alerte, à travers laquelle il avertit les consommateurs en les appelant de ne pas acheter le thon à la tomate de la marque commerciale « Autun Maratun » dans la catégorie 160 grammes, portant le numéro de lot : 23005235, produit le 30/05/2023 et dont la date d’expiration est fixée au 30/05/2027. Il a annoncé que cette « interdiction restera en vigueur jusqu’à ce que les analyses approfondies en cours soient terminées ». Pour rappel, le 14 août, Atoui Naziha, maître de conférences en épidémiologie et médecine préventive au CHU Benbadis de Constantine, avait fait état de l’enregistrement de deux cas de botulisme au niveau de la structure hospitalière. Elle avait indiqué que des échantillons des produits mis en cause ont été envoyés à l’Institut Pasteur pour analyse.
Mohamed Mebarki
Partager :