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Doyen des artistes de Biskra : Slimane Bècha accuse les plagiaires et faussaires

Slimane Bècha est un ancien cheminot, né 1944 dans un quartier du vieux Biskra, où il réside toujours. Il est incontestablement le doyen des artistes. C’est un peintre talentueux, qui a passé sa vie à reproduire les beautés naturelles de sa région natale, à fixer des événements de l’histoire contemporaine et à reproduire les monuments, paysages et sites de l’ancienne Reine des Ziban. C’est dans de superbes tableaux, où transparaissent un traitement des couleurs et une touche impressionniste et réaliste qui lui sont propres, que Bècha laisse parler son talent, que les initiés en art pictural distinguent au premier coup d’œil. Dans sa maison familiale, il coule des jours heureux, sa joie est d’autant plus grande qu’il est père et grand-père d’une famille nombreuse. « Comblé par les cadeaux de la vie » comme il aime à rappeler, il compte plus de 600 tableaux et a participé à de nombreuses expositions artistiques. Ses tableaux  sont vendus et reproduits en carte postales, pour les touristes et plusieurs de ses œuvres ont été choisies pour bonifier la collection dédiée à Biskra, que l’Institut du Monde Arabe (IMA) de Paris a présenté de septembre 2016 à janvier 2017. L’un de ses tableaux intitulé « Sidi Lahcen au temps des turcs » a été utilisé pour élaborer l’affiche de cette manifestation voulue par Jack Lang et qui a connu un grand succès. Ayant encore bon pied bon œil et loin d’être ensuqué, il meuble ses jours de farniente en s’adonnant à l’horticulture, dans un jardin mitoyen aux maisons de ses fils. Il y cultive et entretient une pépinière de plantes, adaptées au climat de Biskra. Tout en prenant soin de ses hortensias, ses géraniums, ses jujubiers, ses ficus elastica et autres hibiscus et jasmin, il narre sa vie en toute humilité. Il est intarissable sur l’histoire de l’art en Algérie et sur les pages de la Guerre de libération nationale, gravées dans sa mémoire, ainsi que sur les modifications et les mutations subies par la Reine des Ziban. « Biskra était un paradis terrestre avec des palmeraies, des vergers et des jardins luxuriants, traversés par des seguias aux eaux limpides et potables, suscitant la création artistique et l’amour de la nature. Très jeune, j’ai vu des artistes-peintres voyageurs, qui venaient poser leurs chevalets pour dessiner des ruelles, des palmiers de Sidi Lahcen et Sidi Barkat. A l’école des indigènes de Biskra, j’ai été encouragé par des maîtres à affiner mes talents de peintre.», a-t-il raconté. La seule chose qui le peine et qui met cet artiste dans un sourd état de colère, c’est le fait qu’une de ces œuvres, nommément « Le dimanche noir du 29 juillet 1956 à Biskra » est continuellement spoliée, plagiée et reproduite par des artistes, sans même que son nom ne soit évoqué par ceux qu’il qualifie de « faussaires de l’art ».  Interloqué, il ajoute: « Dans les années 1980, Louardi Zerari qui était le président de l’APC (Assemblée Populaire Communale, Ndlr), m’a demandé de réaliser un tableau sur la Guerre de libération nationale. J’ai créé un tableau avec un thème et un angle de vue représentant cette funeste journée où les soldats français se sont déchaînés sur la population. Malheureusement, ce tableau qui orne le mess des officiers de Biskra, est reproduit sans vergogne pour la quatrième fois, sans aucune autorisation ni même reconnaissance. Je ne veux pas des royalties, mais juste que les auteurs de ces copies en fresque, aquarelle et mosaïque de ma composition originale signalent la source de leur inspiration. On me vole mon « Dimanche noir » et c’est une honte.».

Hafedh M.

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