« Perdus en jet-ski deux vacanciers franco-marocains tués par des garde-côtes algériens ». C’est le titre qu’a choisi Euronews, la chaîne de télévision pan-européenne pour illustrer ses propos au sujet de la mort de deux personnes à la frontière maritime avec l’Algérie. « C’est dans les eaux algériennes à la frontière avec le Maroc que le drame a eu lieu. Quatre hommes se trouvaient sur ces jet-ski criblés de balles ; deux sont morts dont un franco-marocain », a commenté TF1. La chaîne TV privée française a parlé également du sort d’un franco-marocain, dont l’arrestation a été, selon ce média, confirmée par le Quai d’Orsay. Que s’est-il exactement passé dans la nuit du 29 juillet entre la plage de Saïdia au Maroc et celle de Marsa Ben Mhidi en Algérie ? Quatre jours après cet événement, ni l’Algérie, ni le Maroc n’ont réagi officiellement, alors que le parquet marocain a annoncé vendredi, l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès d’un Franco-marocain et d’un Marocain après la découverte du cadavre du deuxième gisant sur la plage de Saïdia. Entre-temps, les accusations portées contre les garde-côtes algériens, reposant sur le seul témoignage du frère de l’une des victimes, celui-ci affirmant avoir lui-même échappé aux tirs des militaires algériens, sont relayées en boucle par les médias et les réseaux sociaux marocains. Dans tous les commentaires, qu’ils émanent de « simples » internautes marocains ou des médias, c’est surtout l’empressement avec lequel on s’est pris pour identifier les personnes comme étant des vacanciers qui se seraient égarés en mer entre Saïdia et Marsa Ben M’hidi, qui est intriguant. Certains médias marocains, et tout en menant une campagne anti-algérienne d’une rare violence, sont allés jusqu’à affirmer que c’était des « hommes sans histoires » ! « Les quatre jeunes sont-ils réellement des vacanciers ? Si tel est le cas, qu’étaient-ils venus faire en pleine nuit à la frontière entre deux pays aux relations extrêmement tendues et qui n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis août 2021», s’est interrogé à juste titre TSA. « A supposer qu’ils soient réellement des estivants, il est difficile de croire qu’aucun des quatre jet-ski ne soit muni de GPS comme le soutient le rescapé. Ce dernier a bien pu retrouver la direction du Maroc, en pleine nuit après l’incident », relève le média algérien. En effet, ce qui s’est passé entre Saïdia et Marsa Ben M’hidi est loin d’être anodin, particulièrement dans un contexte marqué par des relations très tendues entre l’Algérie et le Maroc. Il est à rappeler que toute cette zone est supposée être surveillée H24 par les services de sécurité marocains. Du côté algérien, le dispositif sécuritaire mis en place tout au long des frontières, maritime et terrestre, a pour but d’avorter tout passage de la drogue, mais aussi les tentatives de traversées clandestines. Les jet-ski étant de plus en plus utilisés dans toutes sortes d’opérations louches. La version relatant, que les militaires algériens auraient tiré à vue sans sommation n’a donc pas tenu la route, puisque le rescapé lui-même a reconnu qu’une personne a été interpellée, « ce qui suppose que celle-ci a obtempéré et que les autres ont refusé de le faire », note TSA. Il s’agit bel et bien d’une affaire « mystérieuse », qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Le silence observé par le gouvernement marocain laisse apparaitre en filigrane des indices d’une opération suspecte, qui aurait mal tourné. Ceci étant dit, « les autorités marocaines ne souhaitant peut-être pas assumer des accusations farfelues, ont laissé le soin aux médias et aux réseaux sociaux de le faire, comme il est de coutume depuis quelques années », estime TSA. Quoi qu’il en soit, tout indique que c’est une tentative, encore une, servant à entretenir la tension avec l’Algérie. Ce qui est surprenant et devrait donner à réfléchir, c’est l’écart entre la réaction du porte-parole du gouvernement marocain, qui n’a fait aucun commentaire, se bornant à répondre qu’il s’agit « d’une affaire qui relève de la compétence du pouvoir judiciaire », et de certains médias français, qui ont vite conclu qu’il s’agit de « vacanciers morts au large du Maroc » !
Mohamed Mebarki
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