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Sétif perd l’une de ses plumes : Fateh Bourboune tire sa révérence

La capitale des hauts plateaux s’est réveillée hier matin, jeudi 7 septembre, avec une grise mine. Inscrits aux abonnés absents, les rayons de soleil ont observé des moments de silence en guise de respect et de reconnaissance à FatehBourboune qui a tiré sa révérence. La terrible nouvelle est tombée tel un couperet et s’est répandue telle une trainée de poudre dans tous les coins de Sétif, meurtrie par le départ d’un de ses meilleurs fils. Homme de lettres et homme de conviction, FatehBourboune est parti très vite, sans même dire au revoir. Quittant ce bas monde à l’âge de 69 ans, Bourboune était un intellectuel de haut rang. Même si on ne peut rien devant la loi devine, la perte d’un référent, d’une icône, est incommensurable. Ainsi, Sétif et l’Algérie des lettres et des arts perdent un écrivain illustre, un poète émérite, un philosophe d’un autre temps, un grammairien de la trempe des grands académiciens. Personnifiant le sérieux, la rigueur, la perfection et la compétence, la belle plume laisse derrière elle un grand héritage. Droit et intransigeant quand il s’agit de défendre l’honneur de la patrie, l’écrivain qui se définissait comme le papy Grincheux ne ratait pas la moindre occasion pour fustiger les plumitifs, les mercenaires de service, à la solde des nostalgiques des temps coloniaux. Nationaliste jusqu’à la moelle des os, le critique littéraire qui a écumé nombre de manuscrits de grands écrivains, romanciers et historiens d’ici et d’ailleurs manquera terriblement à la littérature algérienne. Homme à principes, Fateh encourageait les écrivains en herbe. Son altruisme est derrière l’éclosion de plusieurs écrivains talentueux. Ses envolées lyriques manqueront à ses amis, ses proches et singulièrement ses élèves, ses stagiaires et l’ensemble des férus de la lecture. Le livre était le grand compagnon de Si Fateh pour lequel la lecture était à la fois un bol d’air, une source d’inspiration et le meilleur aliment de l’esprit. Sa franchise légendaire et ses coups de gueule sincères et authentiques seront les autres absents de l’espace des amis du défunt et de tout Sétif, bouleversé par le départ précipité d’un autre brillantissime élève du lycée Ibn Rachik de TlydjeneAbderahmane (ex-bonmarché), sa cité natale. Etreint par l’émotion, son camarade de classe à Ibn Rachik et ami d’enfance Lyes Tamrabet résume en quelques mots l’immense tristesse de toutes les connaissances de l’icône. « Fateh m’a appris la lecture et tant de belles choses. Quand nous étions pris par des mélancolies et des spleens passagers, il me chantait ‘’Non Jef t’es pas seul’’ de jacques Brel. J’ai été son premier lecteur assidu et je cite ‘’Les anges portent le faux’’, ‘’Elle vit où la belle Andalouse’’. Il a, en outre, su défendre notre authenticité contre les plumitifs d’outre-mer. Sétif et l’Algérie perdent un monument de la littérature », souligne, non sans forte émotion, l’ami de l’icône ayant élu domicile au cimetière de si El Khier. Repose en paix l’écrivain !

A. Bendahmane  

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