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Introduit à l’université en 2004 et généralisé depuis   : Le système LMD sera abandonné

Le système LMD (Licence, Master, Doctorat) sera abandonné. C’est du moins ce que l’on peut déduire de l’instruction, faite avant-hier, dans la soirée du mardi 12 septembre, en conseil des ministres, par le président Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l’État, lit-on dans un communiqué de la présidence de la République, « a demandé de préparer une étude globale et intégrée sur la faisabilité d’un retour flexible au système de licence classique, en remplacement du système LMD ». Le document ne fournit pas davantage de détails sur les raisons ayant amené à cette décision. L’arrière-pensée est cependant connue de presque tous. En effet, des voix s’élèvent depuis des années, pour réclamer l’abandon du système, qui s’est avéré être un échec. Cela en raison, non seulement, de la durée de la formation des étudiants, qui est très courte, avec une compression des programmes, mais aussi de son inadéquation avec le marché du travail. Introduit officiellement en 2004 et généralisé depuis à l’ensemble des filières universitaires, le LMD n’a contribué qu’à une production massive de diplômés universitaires qui se retrouvent au chômage. Un choix de la quantité au détriment de la qualité ! C’est ce que pense, en tout cas, l’ensemble des spécialistes. Commentant, hier, sur les réseaux sociaux la décision du conseil des ministres, l’économiste, Mohamed Saïd Kahoul pose le doigt sur le vrai mal. « À lire cette décision, on a cette impression que le système LMD a échoué et n’a pas atteint ses objectifs. Mais la réalité est beaucoup plus amère que ce qu’on prétend », écrit-il d’emblée, avant d’aller en profondeur pour expliquer le fond de sa pensée : « Notre université n’a jamais été préparée au LMD et le cursus n’a jamais été organisé pour sa réussite. Le pilier de sa réussite, c’est l’autonomie des étudiants, une attitude à laquelle nos étudiants n’ont jamais été préparés ». L’économiste et enseignant universitaire cite, dans la foulée, le cas des classes préparatoires. « Nous avons bien vu comment le système des classes prépas copié sur le système français a été introduit. En voulant l’adapter, on a abandonné l’objectif même des classes prépas en bricolant le cursus », explique-t-il. Et d’ajouter : « Comment réussir un système LMD et le système de classes prépas quand le système éducatif au palier inférieur est dans une situation tragique : ni une maîtrise des langues, ni autonomie, ni esprit d’analyse, ni esprit critique, ni des méthodes de recherche apprises, la reproduction bat son plein et le copier-coller aussi ». Nos enfants, ajoute-t-il, apprennent leurs cours comme une grand-mère qui a appris quelques sourates du coran en écoutant, pour faire ses prières, mais jamais il ne faut lui demander de vous expliquer un verset. « Ce n’est pas le retour à l’ancien système universitaire qui va améliorer la qualité, mais il confirme une fois de plus que nous nous sommes mis hors temps et hors champ dans tous les domaines, coincés dans des idéologies du siècle dernier. Aujourd’hui rien ne m’étonne, nous avons abandonné le progrès », déplore-t-il.

Samir Rabah

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