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Tebboune à l’AG des Nations-Unies : L’Algérie plaide pour  un « nouvel ordre mondial »

Dans son adresse à l’Assemblée générale des Nations-Unies, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a rappelé un des fondamentaux de la diplomatie algérienne depuis l’indépendance : la création d’un nouvel ordre mondial. Dans un discours consacré essentiellement aux équilibres mondiaux alors que l’Algérie s’apprête à occuper un poste temporaire au sein du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que dans le monde, beaucoup de conflits se règlent, désormais, par la violence et l’esprit de domination est prééminent dans les liens entre les Etats. Des conflits éclatent, des pays et des peuples sont opprimés, alors que les instances internationales censées les protéger ou simplement appliquer le droit international sont absentes ; elles sont parfois complices ou souvent incapables d’agir. Il suffit de regarder ce qui se passe en Palestine, au Sahara Occidental ou dans d’autres conflits pour se rendre compte que ni l’Organisation des Nations-Unies et surtout le Conseil de sécurité ne sont capables de mettre fin aux injustices subies par ces peuples. Pire, les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU sont systématiquement ignorées par Israël qui se trouve souvent dans une posture de défiance vis-à-vis de la communauté internationale. Cela a une raison : ces pays qui ne respectent pas le droit international sont protégés par les grandes puissances, notamment par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui bloquent toute résolution dénonçant des violations des Droits humains notamment dans les territoires palestiniens occupés ou même au Sahara Occidental. Puis, ces injustices sont souvent infusées par d’autres moyens ; à travers notamment les instances financières internationales qui paupérisent les peuples en imposant aux Etats faibles des conditions inhumaines en contrepartie de prêts financiers souvent humiliants. Ce sont toutes ces données qui poussent des Etats émergents ou qui appartiennent à l’ancien Tiers-Monde, à réfléchir à la mise en place de mécanismes internationaux alternatifs aux instances actuelles. C’est ce que veulent certains Etats dans le cadre des Brics, un organisme créé par 5 pays et qui vient de s’élargir à 6 autres. Ces pays, qui constituent désormais plus de 40% de l’économie mondiale, ont mis en place une banque des Brics, dont la mission est d’accorder des crédits non-contraignants aux Etats du Sud. En plus de taux d’intérêts réduits, ces crédits ne sont pas assortis de conditions politiques souvent humiliantes pour les pays, à l’image de ce que fait le FMI qui exige, en contrepartie de ses crédits, des politiques publiques qui créent souvent des troubles sociaux dans les pays concernés. L’appel du chef de l’Etat fait écho, en réalité, à un projet plus ancien. Dans les années 1970, l’Algérie était à la tête des pays qui revendiquaient un « nouvel ordre mondial » dans lequel les pays qui produisaient les matières premières, souvent nouvellement indépendants, puissent bénéficier des fruits de leurs richesses en accédant au développement au même titre que les pays industrialisés, souvent d’anciennes puissances coloniales. Mais ce mouvement s’est malheureusement arrêté, à cause de l’interventionnisme de certaines puissances occidentales, notamment des Etats-Unis, et de certains pays du Sud eux-mêmes qui ont cédé à la corruption de certaines grandes multinationales. C’est d’ailleurs dans le but d’arrêter l’élan actuel créé autour des Brics que les Etats-Unis brandissent le slogan de la réforme du FMI et de la Banque mondiale. Et il n’est pas exclu que devant les graves clivages qui existent aujourd’hui entre certains Etats de ce conglomérat de pays, la manœuvre américaine réussisse.

Akli Ouali

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