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Créateurs de contenu numérique et influenceurs : Le gouvernement « courtise » les activistes du Web

« L’espace numérique est une société des médias et des informations. On doit y respecter les règles de bonne conduite et d’éthique », a souligné le ministre de la Communication, en marge d’une manifestation intitulée le « camp des créateurs de contenu », inaugurée avant-hier, samedi 23 septembre, au Centre International des Conférences  (CIC) Abdellatif Rahal. Plus de 200 jeunes talents, versés dans la diffusion de contenu numérique, ont été réunis à la séance inaugurale de cette manifestation, organisée sous l’égide du Conseil Supérieur de la Jeunesse (CSJ). En plus de Mohamed Laâgab et du président du CSJ, Mustapha Hidaoui, trois autres ministres étaient présents, à savoir le ministre de la Formation professionnelle, de la Poste et Télécommunications ainsi que celui de la Jeunesse et des Sports. S’inscrivant dans les activités lancées par le CSJ depuis cet été, le « camp des créateurs de contenu » est une manifestation inédite, qui survient une vingtaine de jours après la nomination de Mohamed Laâgab au poste de ministre de la Communication. C’est la première fois que le gouvernement affiche officiellement et publiquement sa position envers cette catégorie de jeunes, dont certains sont arrivés, quoi qu’en on dise, à décrocher le statut d’influenceurs dans une société où les réseaux sociaux sont en train de prendre une grande partie de l’espace médiatique, jadis occupé par la télévision. En formant « le vœu de voir les contenus s’inscrire dans une logique d’édification nationale pour  une Algérie prospère, et que les internautes fassent preuve d’une bonne attitude », le ministre de la Communication aura tracé les contours d’une approche étatique à propos des réseaux sociaux, tout en prenant le soin de garder une position de neutralité. Moraliser ce domaine et permettre aux jeunes créateurs de contenu de poser leurs préoccupations et propositions au service du pays, tel a été l’objectif du CSJ en organisant cette manifestation. Les propos de Mohamed Laâgab se sont donc inscrits dans cette optique. Au sujet de la création d’une autorité de régulation des créateurs de contenu, il s’est limité à indiquer qu’elle « est laissée à la société civile, au Conseil supérieur de la Jeunesse et aux créateurs de contenus, car ils sont tenus de s’organiser eux-mêmes », soulignant que « s’il est nécessaire d’établir une éthique pour les créateurs de contenu, le secteur les accompagnera ». En exprimant son souhait de voir les créateurs de contenu respecter au moins le troisième article de la loi relative à l’information, concernant la liberté d’exercer une activité d’information, Mohamed Laâgab aura défini le cadre légal dans lequel devraient activer les créateurs de contenu numérique. Sa présence à la manifestation n’est ni anodine, ni protocolaire, mais elle découle d’une démarche réfléchie, visant à intégrer les créateurs de contenu numérique, les plus en vue et les plus suivis, dans la préservation de la paix et de la cohésion sociale en Algérie. Elle démontre également le désir, non dissimulé, du gouvernement d’impliquer les influenceurs les plus crédibles, dans une optique d’envergure nationale, sans les détourner du business « virtuel », grâce auquel ils sont devenus connus. La démarche est inédite. En plus, elle porte l’empreinte d’un ministre bien imprégné des réalités numériques. De nos jours, de nombreux créateurs de contenu numérique sont arrivés à exercer une certaine influence sur des pans entiers de la population. Cela ne semble pas avoir échappé à Laâgab, qui a pris le soin d’éviter un style de discours autoritaire, pour ne pas donner une occasion inespérée aux fauteurs de troubles, d’autant plus que les influenceurs bénéficient déjà d’un statut légal reconnu. Le Centre National du Registre du Commerce (CNRC) a ajouté, en avril 2021, une nouvelle nomenclature d’activité, permettant à cette catégorie de créateurs de contenus, sur les différents réseaux sociaux, d’exercer dans un cadre légal et régi par les lois.

Mohamed Mebarki

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