Le poids du cartable scolaire, auquel le ministère de l’Éducation national a consacré, dès octobre 2021, toute une commission d’experts chargée de lui trouver des solutions, constitue toujours une problématique qui divise. D’un côté, le ministère, qui s’est engagé dans une opération de généralisation des tablettes, dont la concrétisation pourrait prendre des années encore. Et de l’autre, de nombreux syndicalistes, qui sont loin d’être convaincus par la feuille de route de la tutelle. Si pour Abdelhakim Belaabed, la démarche graduelle mise en route par le ministère, afin de mettre à la disposition de plus de 20.000 écoles primaires un outil numérique, à même de mettre fin au calvaire d’écoliers obligés de se soumettre à une surcharge dépassant leurs capacités physiques, est une mesure idoine ; pour les syndicats de l’éducation les plus en vue, cette solution est loin de répondre aux attentes des parents. Déjà à la veille de la rentrée scolaire 2022-2023, ils avaient soulevé un problème d’ordre constitutionnel, en estimant qu’« octroyer des tablettes pour plus de 1.600 ou même 4.000 écoles primaires seulement sur 20.000 est une discrimination qui va à l’encontre de la loi d’orientation 08/04 qui consacre l’égalité des chances pour tous les élèves algériens ». Comment pourrait-on parler de l’allègement du cartable, alors que des milliers d’établissements ne disposent pas encore de casiers, ni du second livre qui leur est destiné ? Le poids du cartable n’est-il pas une problématique nationale, mais également un problème de santé publique ? Et si la solution résidait tout simplement dans l’allègement du programme scolaire, qui constitue la seule démarche susceptible de régler définitivement le problème du poids du cartable scolaire ? Tous les spécialistes n’ont cessé de rappeler que le poids du cartable ne doit pas dépasser les 10 à 20% du poids de l’élève, soit un poids entre 1 et 2 kilos. Malheureusement, la réalité est tout autre et des enfants de huit et neuf ans continuent de trainer leurs fardeaux. Dans les milieux pédagogiques, cette réalité divise. Concernant la numérisation de l’école et l’utilisation des tablettes numériques dans l’enseignement, certains n’ont pas hésité à applaudir, en attendant la généralisation du processus, alors que d’autres ont adopté une attitude réservée, pour ne pas dire opposée. Aux yeux de ceux-là, la solution définitive au problème posé par le poids exagéré du cartable n’est nullement technologique, elle est académique en première instance. Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent pour demander au ministère de l’Éducation nationale de méditer à propos de la décision prise cette année par la Suède. En effet, ce pays développé, qui constitue une référence dans le domaine de l’évolution sociale, envisage sérieusement de faire marche arrière concernant l’utilisation de la tablette dans les écoles primaires. Selon les pédagogues suédois, et d’après des études poussées, il a été constaté un recul chez les enfants suédois dans l’apprentissage de la lecture. Ce qui a amené les responsables à retourner au manuel scolaire, après une campagne menée par des instituts de recherche, démontrant l’impact négatif à long terme de la tablette sur la santé des enfants et leurs capacités de perception.
Mohamed. M
Partager :