« Ça touche toutes les catégories sociales, les familles défavorisées, les gens aisés, les étudiants et les personnes d’un certain niveau. Le danger de la consommation des drogues est dévastateur pour la société algérienne ». C’est ce qu’affirme le Pr. Rachid Belhadj, président de l’académie algérienne de développement des sciences médicolégales, lors de son passage hier, dimanche 1er octobre, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. Selon le praticien, le nombre de décès dus à la consommation de drogues et de produits stupéfiants augmente et inquiète les professionnels de la santé. « En tant que médecins légistes, cela fait presque une année et demie que nous alertons la tutelle et les pouvoirs publics sur ce phénomène inquiétant des décès des suites de consommation de drogues. Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais le nombre de décès dus à des overdoses ne cesse de progresser », déplore-t-il. Fait encore plus grave, selon Belhadj, le phénomène touche plus particulièrement les catégories les plus jeunes. « Ce qui nous fait mal, c’est que, dans la plupart des cas, ce sont des sujets très jeunes, qui ont entre 20 et 22 ans, qui décèdent », déclare-t-il, soulignant que ce fléau touche toutes les franges de la société algérienne. « Étudiants, chômeurs ou jeunes travailleurs… Ce ne sont pas uniquement des sujets issus de milieux défavorisés qui sont concernés », témoigne le médecin. Poursuivant, il insiste sur la nécessité d’alerter les pouvoirs publics sur ce fléau. « En tant que médecin et père de famille, il est de mon devoir d’attirer l’attention des pouvoirs publics, afin de dégager une stratégie de lutte contre ce phénomène », lance-t-il, ne cachant pas son inquiétude. « Car l’usage de drogue a changé en Algérie. Avant, on recevait des patients pour usage de cannabis ou haschisch, maintenant ce sont les drogues dures comme la cocaïne, l’héroïne et d’autres substances qui sont des mélanges de plusieurs produits, ou encore la prégabaline baptisée saroukh », explique-t-il. Par ailleurs, le président de l’académie algérienne de développement des sciences médicolégales a également mis en garde sur cette invasion des drogues. « La consommation de ces substances tue », ajoute-t-il. Ce faisant, le praticien donne quelques chiffres, démontrant le nombre sans cesse croissant des consommateurs de drogue dans le pays. « Pour le cannabis, nous sommes passés de 3.197 affaires traitées par la justice en 2015 à 38.280 en 2022. Pour les psychotropes, on est passés de 16.100 affaires en 2015, à 376.000 affaires en 2022 », précise-t-il. Ainsi, Rachid Belhadj s’inquiète sur l’ampleur du phénomène, d’autant que, rappelle-t-il, « à nos frontières ouest se trouve un narco-État, premier producteur mondial de cannabis qui essaye d’inonder le marché algérien avec ces produits stupéfiants ». Pour tenter de lutter contre ce phénomène, le professeur appelle « à élaborer une stratégie de lutte contre la hausse des décès par overdose de drogues ».
Samir Rabah
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