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Elevage de l’autruche à Chelghoum Laid : Benhamou tente un coup de poker, et il réussit !

L’élevage de l’autruche commence à faire son petit bonhomme de chemin dans la wilaya de Mila. Une expérience est tentée par un jeune promoteur de la région. Il s’appelle Nour El Islam Benhamou. Il est considéré comme le premier et le seul éleveur de cette espèce exotique sur le territoire de la wilaya de Mila pour le moment. Rencontré à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de vulgarisation agricole, célébrée le jeudi 5 octobre à la maison de la culture Moubarek El Mili, Nour El Islam revient, dans cet entretien, sur son expérience, les avantages que lui procure cette activité et les problèmes qu’il rencontre.

Quand et comment vous est venue cette idée ?
C’était comme par hasard. Je me trouvais en Libye, en 2009, quand je suis tombé sur un éleveur qui vendait des autruchons. J’en ai alors acheté 80. Je les ai ramenés à Chelghoum Laid dans l’intention de les élever.

Maitrisiez-vous déjà les techniques de ce type d’élevage ?

Malheureusement, non. C’était plutôt un coup de poker de ma part. Et faute de maitrise des techniques d’élevage, j’ai perdu plus de la moitié du cheptel ramené de Libye. Cinquante têtes sont mortes. J’ai pu sauver, toutefois, le reste grâce aux conseils des médecins vétérinaires. Petit à petit, j’ai appris beaucoup de choses sur le régime alimentaire de ces oiseaux, leurs maladies et les traitements et j’ai réussi à multiplier les trente unités sauvées. En matière de nourriture par exemple, j’ai appris qu’elles adorent l’oignon, les graines et les aliments qu’on donne ordinairement aux poules pondeuses.

Un commerce ou plutôt un plaisir personnel ? 

J’exerce cette activité non pas pour le plaisir, mais pour le commerce. Les adultes, je les vends soit sur pied, soit en boucherie. Une autruche adulte peut peser jusqu’à deux quintaux. Vendue vivante, elle est cédée à 450.000 dinars. En boucherie, sa viande est très appréciée par les connaisseurs ; mais elle coûte chère. Le kilo est vendu à 8.000 dinars. Mais j’ai mes clients, je m’en tire bien. Je vends également les autruchons pour les jeunes éleveurs, les œufs et la graisse. Un oisillon de quinze jours d’âge est vendu à 50.000 dinars. Et les œufs (l’œuf pèse deux kilos) me rapportent 8.000 dinars l’unité. En plus, la graisse de la bête, très riche en acides gras essentiels, est très recherchée pour ses vertus thérapeutiques : elle guérit beaucoup de maladies rhumatismales et dermiques.

Et si on évoquait les problèmes propres à l’activité ?

Les difficultés existent comme dans tout métier. Mais le problème qui se pose à moi et, d’une manièregénérale, à tous les éleveurs d’autruches en Algérie, c’est celui du foncier. L’activité demande de l’espace. Moi, je pratique mon élevage sur des terres que je loue aux propriétaires terriens de la région de TrigLadjbel, à Chelghoum Laid. Mais la location des terres agricoles est très chère. Moi, par exemple, j’exploite actuellement cent hectares loués à raison de 50.000 dinars l’hectare, pour une durée de trois mois. C’est trop cher. Aussi, je cherche à acquérir des terres à un prix raisonnable pour pouvoir développer ce créneau. Mais aux prix actuels, je ne peux pas le faire sur mon propre compte.

Un dernier mot ?

Ce qui me tient le plus à cœur, c’est le développement de cet élevage. Je souhaiterais que la boucherie de l’autruche se démocratise comme en Egypte, où toute une population travaille dans le commerce de sa chair. J’attends une intervention des autorités pour rendre cela possible ».
K. B.

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