L’affaire Djamel Bensmaïl suit son cours, 26 mois après l’abominable mise à mort de cet activiste du Hirak, qui avait été lynché en public, avant que son corps sans vie ne soit livré au feu de la haine et de la barbarie. Un crime crapuleux de la pire espèce. Une monstruosité sans pareil, commise par des individus dépouillés de tout sentiment humain. Le procès des individus impliqués dans les scènes horribles ayant eu lieu à Larbaâ Nath Irathen, durant les incendies qui avaient ravagé la wilaya de Tizi Ouzou, ainsi que d’autres wilayas pendant l’été 2021, s’est poursuivi avant-hier dimanche, au tribunal criminel d’appel de Dar El Beida près la Cour d’Alger, au milieu d’un dispositif sécuritaire impressionnant. « Homicide volontaire avec préméditation, torture, mutilation et immolation d’un cadavre, attroupement armé, création et appartenance à une organisation terroriste » : les accusés faisaient face à de très lourdes charges. La plupart d’entre eux ont été identifiés dans les vidéos relayées sur les réseaux sociaux. A travers des aveux indiquant leur appartenance au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) de Ferhat Mehenni, les propos étaient glaçants. Le rappel des scènes a été insoutenable pour le père de Djamel, contraint de quitter la salle d’audience. Un des accusés a avoué son appartenance au MAK, classé par l’État en tant que groupe terroriste, dont le chef fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il a reconnu qu’il avait œuvré au sein du MAK pendant quatre années avant de se retirer, selon ses dires, parce qu’il n’aurait pas été convaincu, toujours d’après lui, par les idées séparatistes du groupuscule extrémiste. Le procureur général lui a alors rappelé que plusieurs accusés étaient en contact avec lui, car il (l’accusé) était vu comme un « membre actif » du MAK. A la question demandant d’où il avait obtenu le numéro de téléphone de Ferhat Mehenni, l’accusé n’a pas dit grand-chose, sauf qu’il n’a jamais appelé ! Difficile à croire, dans le contexte d’un événement douloureux qui a ébranlé toute l’Algérie. Les questions posées aux autres accusés étaient axées sur les faits et les circonstances entourant l’assassinat, notamment l’entrée par effraction dans un commissariat de police et dans un véhicule de police, la prise des photos de la victime et l’appel à la violence, outre la relation avec le mouvement terroriste MAK. Les accusés ont également été confrontés aux vidéos et photos les incriminant et aux déclarations recueillies lors de leur interrogatoire par la Police Judiciaire. Lors du procès en première instance, 49 accusés avaient été condamnés à la peine capitale et 28 autres à des peines allant de deux à dix années de prison ferme, alors que 17 autres ont été acquittés. Les auteurs de selfies, avec comme arrière-plan le corps calciné de Djamel Bensmaïl, visaient-ils à embraser l’Algérie conformément à des instructions qu’ils auraient reçu ? C’est ce à quoi la Justice s’attèle à répondre lors du procès en appel. Il faut signaler que la fin tragique de Djamel Bensmaïl, dont l’onde de choc avait dépassé les frontières de l’Algérie, a ébranlé la conscience de tout un peuple qui s’était senti menacé dans son existence, mais qui avait su répondre héroïquement en faisant preuve d’un patriotisme devenu légendaire et en faisant bloc contre les desseins fractionnistes élaborés à l’étranger.
Mohamed Mebarki
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