Il a fallu que Leila Shahid, ancienne diplomate palestinienne, fasse une démonstration de sa capacité à gérer les débats, sans se laisser entrainer derrière des diversions inutiles, pour que le journaliste, qui l’interviewait sur le plateau d’une chaîne de télévision française, mette fin à ses raccourcis. Il a tout tenté pour déstabiliser son invitée, mais il a échoué sur toute la ligne, face à une militante courageuse et lucide, dont les convictions sont amarrées à une maturité politique professorale. L’obstination avec laquelle il a essayé de trouver des similitudes entre l’élection d’Hitler en Allemagne, il y a presque un siècle et celle de Hamas à Ghaza en 2006, n’a nullement perturbé une Palestinienne solidement chevillée à un héritage historique et politique impressionnants. Mais aussi justes qu’évidentes, les positions défendues par Leila Shahid ne pourraient traduire l’immense tragédie vécue par la population de Ghaza. Même si elle voulait, elle n’aurait jamais réussi à le faire. Qui peut décrire l’enfer ? Personne. A travers le monde, des populations entières, des élites et des associations s’indignent et dénoncent, même les supporteurs de clubs de football ne sont pas en reste. En Grande Bretagne, des personnalités des milieux du cinéma et des arts, appellent, dans une lettre adressée aux dirigeants des pays occidentaux, à cesser de soutenir « un génocide ». « Nous sommes témoins d’un crime et d’une catastrophe », soulignent les signataires du document. « Aujourd’hui, par centaines de milliers, bombardées depuis l’air, la mer et la terre, les Palestiniens, dont les grands-parents ont été chassés de chez eux par le canon d’un fusil sont à nouveau sommés de fuir, sous peine de subir un châtiment collectif. Dépossédés de leurs droits, décrits par un ministre israélien comme des animaux humains, ils sont devenus des personnes à qui l’on peut faire presque n’importe quoi », constatent-ils. « Nos gouvernements ne se contentent pas de tolérer les crimes de guerre, ils s’en font les complices. Il viendra un temps où ils devront répondre de leur complicité. Mais pour l’heure, tout en condamnant chaque acte de violence contre des civils et chaque violation du droit international, quel qu’en soit l’auteur, notre obligation est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre un terme à la cruauté sans précédent infligée à Gaza ». Une position qui est loin d’être à contre-courant ou minoritaire, comme le suggèrent les tendances médiatiques occidentales, émanant d’une élite ayant contribué à la notoriété des ces mêmes médias, qui aujourd’hui les ignore. Elle est partagée par des dizaines de millions de personnes, de toutes les origines et les religions, qui ne comprennent plus cette folie meurtrière et destructrice qui s’est emparée de l’entité sioniste. Mais ce n’est pas ce que cherchent la plupart des médias, qui préfèrent consacrer l’essentiel de leurs informations aux tentatives de validation de la version israélienne à propos du génocide de l’hôpital de Ghaza ou alors à amplifier cet appel lancé par des responsables français, demandant la déchéance de la nationalité française de Karim Benzema, pour son soutien apporté à la population de Ghaza. Dans un contexte où presque la totalité des plateaux des chaînes TV occidentales s’est installé dans le déni de droit aux Palestiniens, la population civile de Ghaza continue à faire face aux conséquences de l’état de siège criminel et aux bombardements. Une situation archi-dramatique, dont l’arrière-plan est constitué par une réalité non moins dramatique. En Cisjordanie, plus de 70 palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, soutenue par les colons. La police a procédé également à l’arrestation d’un millier d’activistes palestiniens. Dans les villages situés aux abords des villes de Naplouse, Ramallah ou Toulkaram, les colons tirent à bout portant ! Des villageois sont kidnappés et torturés, avec la complicité de l’armée sioniste. C’est l’impunité totale.
Mohamed Mebarki
Partager :