À la tête du gouvernement depuis juin 2021, Aimene Benabderrahmane vient de céder sa place à Nadir Laarbaoui. Les spéculations autour d’un tel changement ont démarré depuis plus d’une année, mais aucune source ne s’est aventurée à donner des noms. Tout le monde s’est limité à évoquer ce que certains considèrent comme un constat d’échec, d’un désormais ex-Premier ministre jugé trop « mou ». En juillet 2022, lors de sa rencontre périodique avec les représentants de médias nationaux, le président de la République a parlé des changements gouvernementaux comme étant une nécessité imposée par les circonstances. Une procédure de routine, dictée par les conjonctures, ni plus ni moins, qui n’a rien à voir avec les conjectures ou l’incompatibilité d’humeur. « Il y aura un remaniement gouvernemental, et c’est normal », avait dit Abdelmadjid Tebboune, qui avait souligné également que « tous les gouvernements dans le monde arrivent à un moment donné où le changement leur est imposé comme une nécessité ». Après avoir résisté à quatre remaniements ministériels, novembre 2021, février 2022, septembre 2022 et mars 2023, Benabderrahmane s’en va comme il était venu, sans faire de bruit. Le président de la République a décidé de prendre une autre option, à une année de la fin de son mandat. En avril dernier, le président avait, lors d’une rencontre similaire avec les représentants de la presse nationale, évoqué les performances de certains ministres, y compris celles du Premier ministre, sans les nommer. « Certains ministres ont échoué. Pourtant tous sont titulaires de trois ou quatre diplômes universitaires, mais ils manquaient d’expérience. Nous avons désigné des ministres qui faisaient de la théorie sur les plateaux de télévision, mais dès qu’ils ont pris des postes de responsabilité, il n’y a rien eu », avait-il reconnu. Le chef de l’État avait déclaré à maintes reprises qu’il allait juger à travers « ce qui a été décidé en Conseil des ministres et ce qui a été réellement appliqué sur le terrain ». La sentence concernait également le Premier ministre. L’objectif d’Abdelmadjid Tebboune est de « parvenir à l’efficacité dans la mise en œuvre des décisions prises en Conseil des ministres et lors des réunions du gouvernement ». La désignation d’un nouveau Premier ministre dans un contexte régional et international se trouvant au seuil d’une déflagration élargie pourrait surprendre. Mais il y’a lieu d’admettre aussi que le bilan de Benabderrahmane est assez mitigé. Et c’est par rapport à cet aspect qu’il a été remercié. Son remplaçant va-t-il conduire la même équipe ou procèdera-t-il au changement de quelques ministres ?
M. M.
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