Le changement opéré par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la tête de la chefferie du gouvernement a quelque peu surpris certains observateurs. Mais, à bien réfléchir, ce changement de tête à l’exécutif était, le moins que l’on puisse dire, attendu ne serait-ce que par rapport à la mollesse que tout le monde a pu constater dans la conduite des réformes. En un peu plus de deux années au palais de la rue du Docteur Saadane, Aïmene Benabderrahmane n’a à vrai dire jamais réussi à enfiler le costume de Premier ministre. De par son profil de bureaucrate, le désormais ex-Premier ministre passera à la postérité comme étant le Premier ministre le plus discret, voire le plus effacé, depuis le début du pluralisme politique. Ses prises de paroles publiques et ses initiatives sont quasiment anecdotiques, mis à part les allocutions et les discours de circonstance. Sur la majorité des thèmes brûlants qui avaient agité la scène nationale, à l’instar de la très controversée vraie-fausse adhésion aux BRICS, on avait rarement entendu la voix de Benabderrahmane. Pourtant il était censé donner le la à tous les chantiers du président de la République, par lequel il a été investi pour concrétiser les engagements. Force est de constater que l’ex-ministre des Finances n’a pas pu sortir de son carcan de fonctionnaire « tranquille », qui ne se mouille pas trop. Du coup, le président Tebboune a été contraint de prendre lui-même la parole et souvent à encaisser les coups sur certains ratages du gouvernement. N’a-t-il pas en effet dénoncé, à maintes reprises, lors de ses rencontres avec les médias les retards dans la réalisation des programmes, notamment celui de la numérisation ?! Vu sous cet angle, le renvoi d’Aïmene Benabderrahmane paraît tout à fait logique, tant il apparaît comme un goulot d’étranglement. Le fait qu’il n’ait pas été appelé à d’autres fonctions prouve du reste qu’il a subi la colère du président Abdelmadjid Tebboune. À une année de l’élection présidentielle, le chef de l’État a certainement à cœur de sauver son bilan, en nommant un gouvernement d’action qui agirait comme une Task-force, pour corriger les ratés et les ratages de Benabderrahmane et de son gouvernement. Pour ce faire, le président Tebboune a confié cette mission délicate et stratégique à un homme de confiance : Nadir Larbaoui. Bien qu’il soit un diplomate de carrière, celui-ci a géré le cabinet du président et peut parfaitement accomplir cette tâche, du moins nettement mieux que son prédécesseur. S’il arrive à débloquer les projets en souffrance et à mettre fin à la folie de la hausse incroyable des prix, il aura largement réussi sa mission. Avec un Premier ministre compétent et engagé ainsi qu’un un directeur de cabinet, Boualem Boualem, connu pour sa fidélité à Tebboune, il ne reste plus qu’à former un gouvernement sérieux et motivé, pour bien négocier le dernier tour de piste.
Par Imane. B
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