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Soudan : Lamamra envoyé spécial de l’ONU

La traversée du désert n’aura pas été très longue pour Ramtane Lamamra. L’ancien ministre des Affaires étrangères a été désigné envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Soudan. En plus d’avoir occupé à deux reprises le poste de ministre des Affaires étrangères en Algérie, Ramtane Lamamra est connu pour être un habitué des conflits africains. Entre plusieurs postes d’ambassadeur, dans plusieurs capitales, dont les plus importantes dans le monde, à l’image de Washington et New York, le natif de Béjaïa a surtout occupé le poste de haut-commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine. À cet égard, il a eu à gérer et à être l’intermédiaire de plusieurs conflits du continent le plus instable de la planète. Il a également réussi à imposer l’Algérie comme étant un État ayant un rôle important au sein de l’organisation panafricaine et à instaurer des règles qui imposent, par exemple, le retour au processus constitutionnel pour les régimes auteurs de coups d’État. Pour cette nouvelle mission, les choses paraissent beaucoup plus compliquées. Ce pays est plongé depuis avril dernier dans une guerre civile entre l’armée régulière, dirigée par Abdelfattah Al Burhan et les forces de l’Intervention rapide, chapeautées par le général Mohamed Hamdan Dogolo. Les deux hommes se disputent la direction de ce grand pays, qui s’était déjà disloqué en 2011 avec la séparation du Soudan du Sud, après une guerre civile qui a duré des décennies. Ces derniers jours, à l’ombre de la guerre en Palestine et en Ukraine, la situation se dégrade au Soudan. Les combats, circonscrits dans les grandes villes, s’élargissent et l’ONU avertit d’une possible épuration ethnique au Darfour (Sud-Ouest), région d’origine de Dagolo. Des exactions sont ainsi commises quotidiennement dans cette région, qui a déjà connu une guerre civile dans les années 2000, conduisant à la création des « Forces d’intervention rapide », une milice armée issue des groupes opérant dans le Darfour. Un accord de paix, signé en 2017, devait conduire à l’intégration de ces soldats dans l’armée régulière, mais le processus a buté sur les grades que les anciens miliciens devaient obtenir. Entre-temps, les Forces de Dagolo sont devenues une sorte d’armée parallèle, financée essentiellement par les Émirats arabes unis et d’autres puissances étrangères. La tâche de Lamamra est donc de tenter de renouer les fils du dialogue entre Al Burhan et son vice-président au sein du Conseil de souveraineté du Soudan, un organisme provisoire créé après les émeutes de 2019, qui ont conduit à la chute du régime d’Omar El Bachir, détenu pour des affaires de corruption. Une mission particulièrement difficile et périlleuse, surtout que les deux hommes ont rompu quasiment tout contact, ne faisant parler pour l’instant que les armes, chacun jurant de tuer l’autre. Pire, cette lutte fratricide risque de conduire une nouvelle fois à la partition du Soudan, les rebelles du Darfour voulant désormais créer leur propre État.

Akli Ouali

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