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Sahel : Le chaos s’installe au nord du Mali

À l’ombre de la guerre en Palestine, la situation sécuritaire et politique évolue au Mali. Les derniers développements enregistrés sur le terrain rendent l’application des Accords d’Alger compliquée. Depuis quelques semaines, la situation sécuritaire se dégrade au Nord et au Centre du Mali. Le 14 novembre dernier, les troupes de l’armée malienne, aidées par les miliciens russes de Wagner, ont réussi à reprendre la ville de Kidal, en territoire Touareg. Face aux groupes Azawad, enrôlés sous la bannière du Conseil de Sécurité et de Paix (CSP), divisé en plusieurs groupes, les militaires de Bamako n’ont pas eu à faire face à une grande résistance, d’autant plus que l’armée malienne aurait également reçu le soutien de forces armées du Niger et du Burkina Faso. Les trois pouvoirs militaires ont scellé une alliance défensive. Cette participation ne serait que « symbolique » selon un ancien militaire français, cité par des médias. « Le Burkina aurait fourni un soutien logistique tout comme le Niger. Des rumeurs font également état d’un possible appui feu aux FAMA (Forces Armées Maliennes, NDLR) par un hélicoptère nigérien ». « Il y a eu une bataille à 30 kilomètres au sud de Kidal face au CSP, qui trop faible sur le terrain, n’a pas tenu longtemps, d’autant qu’il était déjà attaqué par des drones de combats sur ses positions à Kidal », a précisé la même source. Dans la foulée de cette prise importante, les autorités centrales de Bamako ont nommé un gouverneur pour la région de Kidal. Il s’agit d’un ancien militaire, El Hadj Ag Gamou, chargé de sécuriser la région et de rassurer les populations, dont des segments ont déjà affiché leur allégeance au nouveau pouvoir. Mais la situation est beaucoup plus compliquée. Les groupes Djihadistes, notamment le JNIM (Jamaat Nasr El Islam w El Muslimin), qui regroupe les anciens groupes affiliés à El Qaida, sont restés en embuscade. Dans un communiqué rendu public, hier samedi, ce groupe revendique « une attaque à grande échelle » contre le camp militaire malien de Niafunké, situé à 250 kilomètres au sud de Tombouctou. D’abord frappé par un véhicule kamikaze, les jihadistes affirment avoir ensuite « pris le contrôle du camp ». Cinq voitures, des armes lourdes et des équipements militaires auraient également été pillés. Le JNIM a diffusé des images exhibant ce butin et la nouvelle rend l’application des accords d’Alger, signés en 2015 entre les différents groupes maliens, quasiment impossibles. « La prise de Kidal par l’armée malienne crée un déséquilibre et renforce les groupes terroristes », observe Djallil Lounnas, Professeur à l’université américaine de Salé, au Maroc, spécialisé dans les questions du Sahel. Cela est d’autant plus compliqué, que des groupes djihadistes sont désormais maitres de certaines régions du pays, qu’ils contrôlent totalement. Par exemple, le groupe État Islamique au Sahel réhabilite à Aghazraghan (près de Ménaka), des châteaux d’eau et en assure la maintenance, comme à Tajalalt, Tabankort, Inchinane, ou Tamalat. L’eau stockée dans des citernes est distribuée gratuitement. Dans certains villages, comme à Anderamboukane, l’EI Sahel met en place une commission chargée de la gestion des châteaux d’eau et de leur accès par les villages avoisinants. Deux châteaux d’eau sont exclusivement réservés aux populations, tandis que d’autres sont réservés au bétail. Enfin, le groupe rouvre les marchés hebdomadaires pour relancer les activités économiques et les échanges commerciaux entre Ménaka ville, le Niger et les zones sous son influence. Et la situation n’est pas forcément près de se rétablir, si la communauté internationale n’intervient pas.

Akli Ouali

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