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Une mutation en marche

Que n’a-t-on pas écrit sur l’évolution des médias en Algérie depuis l’ouverture politique instaurée par la Constitution du 23 février 1989 ? Le sujet a suscité l’intérêt de nombreux universitaires et académiciens, dont certains ont même fait l’expérience en y exerçant à l’époque du parti unique. Des dizaines de livres et de thèses universitaires ont été publiés pour apporter des éclairages à un thème que les Algériens ont commencé à débattre dans le sillage des douloureux évènements d’octobre 1988. La naissance de la presse dite indépendante et l’éclosion d’une multitude de titres de périodiques entre quotidiens, hebdomadaires et mensuels, sous l’égide d’anciens journalistes du secteur public avaient constitué à l’époque un évènement majeur, qui allait donner au multipartisme nouvellement décrété une amplitude populaire que les partis politiques nouvellement créés ou sortis de la clandestinité n’auraient jamais pu revendiquer sans l’apport de certains noms de la presse écrite. Abdou Benziane connu sous l’appellation de Abdou B, fondateur de la mythique revue « Les 2 écrans » allait révolutionner la télévision en ce début des années 1990. L’émission politique hebdomadaire « face à la presse » constitua un grand moment de télévision. Animée par deux jeunes journalistes fraichement sortis de l’université, elle fut un succès sur tous les plans. Les Algériens étaient entrés de plain-pied dans l’ère de la liberté d’expression ! Mais l’irruption du radicalisme islamiste et par la suite du terrorisme allaient tout remettre en cause. Les journalistes ne tardèrent pas à devenir des cibles de choix aux mouvements sanguinaires. Assassinats ciblés, attentats à l’explosif contre les sièges de publications et kidnappings meublèrent l’actualité des années de plomb. La corporation médiatique dut payer un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme. Ainsi, la première expérience d’une presse dynamique annonciatrice d’une ouverture médiatique unique dans le monde arabe a été plus ou moins avortée par une terrible épreuve, qui avait failli mettre toute la République entre parenthèses. Aujourd’hui et alors que l’espace médiatique n’a pas encore achevé une mue amorcée il y’a quelques années, tout le monde s’accorde à dire que la presse écrite, audiovisuelle et média alternatifs est en train de subir des mutations, tant au niveau législatif et réglementaire qu’au niveau de la configuration des acteurs. En abordant le sujet relatif au soutien des médias nationaux, le président de la République vient de répondre à une préoccupation nationale. Une problématique majeure, que l’Algérie a intérêt à résoudre selon une stratégie qui prend en compte ses fondements historiques et politiques. Le fait d’avoir chargé le ministre de la Communication et la direction de la Communication de la présidence de la République de la mise en place d’une étude pour lancer un fonds national de soutien à la presse montre qu’Abdelmadjid Tebboune met en exergue la nécessité de préserver la corporation des risques de manipulation aux origines indéterminées.

Mohamed M.

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